« Lorsqu’on s’amuse au jeu des trônes, il faut vaincre ou périr »

Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.


Si le premier tome était par rapport à son en adaptation en série TV un complément d’informations sur quelques points, je trouve que c’est encore plus vrai pour ce deuxième tome. J’ai commencé à le remarquer dès le jugement de Tyrion par duel dans le Val qui est précédé dans ce tome d’un certain développement des liens diplomatiques entre les Eyrié, les Tully et les Stark, une contextualisation importante à faire même si le passage dans la série est plus marrant avec Tyrion plus longuement comique à son simili procès.


Tout ce passage permet dans le livre d’introduire Edmure et ses capacités stratégiques limitées, une meilleure compréhension de la provocation de la Montagne sous ordre de Tywin plus simpliste dans la série alors que là elle est bien mise en relation avec les précisions faites sur les Tully qui doivent s’organiser sans le soutien du Val dans la précipitation… La situation géopolitique me paraît dans le livre plus riche et détaillé. On apprend par exemple ce qui est arrivé au contingent envoyé par Ned pour traquer La montagne là où la série pose le début de cette action mais oublie complètement d’en expliquer le dénouement.


La présentation de Moat Coalin comme forteresse qui semble bien flippante et difficilement prenable est bien mieux rendue dans le livre et pose la question pour Robb de rester défendre son territoire ou de partir secourir Vivesaigues là où la série simplifie une fois de plus le propos. La composition des troupes envoyés contre Tywin Lannister est intéressante, Karstark, Bolton, Frey… ça permet d’introduire un peu plus les premières germes d’événements à venir bien plus tard, on voit davantage une amorce pour des intrigues en devenir.


La bataille tactique est a minima longue entre Tywin et les forces Starks puis entre Robb et Jaime là où la série montre juste la ruse de Robb en laissant l’éclaireur en vie et zappe les batailles, de façon comique certes pour la première mais tout de même le déploiement de l’armée de Tywin avait un peu de gueule dans le bouquin, mettait en scène La montagne, Kevan… et l’architecture complexe et original de Vivesaigues aurait pu donner de jolis choses, ça avait un vrai intérêt de montrer ces combats à l’écran et c’est un peu dommage qu’ils n’aient pas eu le budget et / ou la motivation pour ça.


Tout le passage avec le père de Cathelyn est un très bon moment du livre et ne figure absolument pas dans la série TV qui à ce moment-là n’a toujours pas introduit Le silure, ce qui selon moi est une erreur qui rend la lecture de ce livre vraiment intéressante en particulier sur cet arc narratif précis un peu trop dépouillé à l’écran. Par contre, comme pour le premier tome, il y a une scène qui n’existe pas dans le livre et que j’ai pourtant trouvé excellente c’est la scène entre Tywin et Jaime, la métaphore du cerf qui se fait taillader morceau par morceau dont le père Lannister s’en lave les mains en faisant son petit speech sur la famille pour que l’on comprenne son caractère et ses motivations, c’était une superbe introduction du personnage.


Je l’ai ressenti aussi du côté de Port-Réal mais dans une moindre mesure, le coup d’État est davantage justifié par la main mise depuis des années sur tout ce qui pouvait le permettre, l’étau qui se ressert se fait plus sentir avec les monologues intérieurs à peine suggérés par la série… Il en va de même pour la relation tendue entre Sansa qui prend des airs de reine en devenir arrogante et Arya qui tient rancune pour Mycah puis Jory, c’est apparent dans la série mais allégé par rapport au livre qui mettait plus l’accent dessus j’ai l’impression.


Pour citer Sansa parlant à Arya après que celle-ci lui ait balancé une orange à la gueule : « Tu es horrible ! Ce n’est pas Lady, c’est toi qu’ il fallait abattre ! » Un peu plus soft dans la série, pareil pour les souffrances physiques et psychologiques de Ned plus accentuées dans le livre qui ne font que renforcer l’impact émotionnel de cet arc narratif proprement génial, je ne vois pas comment on peut après avoir lu / vu ça ne pas avoir envie de connaître la suite. C’est certes un peu long à se mettre en place, on peut dire que l’histoire se lance réellement à la fin du deuxième tome, mais ça le fait tellement bien !


Par contre, la scène très romantique de Joffrey à Sansa dans la série permet de mieux comprendre son émerveillement et son enthousiasme pour rester à Port-Réal, la confiance qu’elle attribue à Joffrey, là où elle m’apparaît un peu plus naïve bêtement dans le livre s’il fallait un peu chipoter. J’ai bien aimé également la scène un peu hot avec Littlefinger de la série TV absente du livre qui montre plus explicitement la perversion et la manipulation qu’il peut avoir et permet de bien amorcer ce qui va suivre.


Les arcs narratifs de Daenerys et de Jon sont très fidèles et complets dans la série, la lecture du livre n’en apporte malheureusement pas grand-chose de plus mais c’est très bien écrit donc ça passe tout de même très bien même quand on connaît l’histoire, ce qui prouve d’une certaine façon sa grande qualité. Mais entre tout ce qui se passe dans le Conflans et à Port-Réal la lecture du deuxième tome me semble indispensable en complément de la série là où elle me le semblait un peu moins pour le premier tome.

damon8671
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le 21 avr. 2017

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