Le Faon est un long monologue, aux accents de confession, adressé par Eszter à l'homme qu'elle aime. Eszter est une actrice célèbre, talentueuse et admirée ; cependant, elle est issue d'un milieu très pauvre et a connu la misère dans son enfance, L'amertume et la jalousie qu'elle éprouvait alors envers Angela, ravissante petite fille riche choyée de tous, s'exacerbent lorsqu'elle rencontre l'homme de sa vie et réalise qu'il est l'époux d'Angela.
La jalousie, la frustration, la douleur, la haine imprègnent ce monologue. Eszter est une femme indépendante et dure qui s'irrite des gens trop beaux et trop bons, qui n'ont jamais eu à obtenir quoi que ce soit dans leur vie. Toutes les émotions violentes du personnages, son sentiment d'injustice, se ressentent à travers l'écriture et nous la rendent infiniment humaine, bien plus que la poupée sans personnalité qu'est Angela. L'intransigeance d'Eszter, son refus du compromis, voire sa mesquinerie, sont au final ce qui cause son malheur et ce qui met en place la tragédie finale.
L'ambiance de la Hongrie des années 50, sous régime communiste donne également une teinte particulière à ce récit.
J'ai aimé l'âpreté et l'intensité du texte, la dureté du personnage, et son malheur, qui prennent aux tripes et ne s'estompent pas la lecture terminée.