Alberto Caeiro est un sage.
Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes écrit sous le pseudonyme d'Alberto Caeiro est formidable de sagesse. Si vous vivez des heures sombres, précipitez-vous sur ce livre, il vous apaisera. Je ne saurais vous le décrire simplement. C'est en quelque sorte de "l'anti-philosophie" poétique. Cet extrait vous donnera un aperçu assez pertinent de ce que vous serez amené à lire.
"Un jour de pluie est aussi beau qu'un jour de soleil,
ils existent tous deux, chacun à sa façon."
Les poèmes d'Alvaro de Campos présents dans l'édition Poésie/Gallimard sont d'un tout autre ordre ; ici Pessoa se glisse dans la peau d'un "poète maudit" - assez caricatural / caricaturé par moments, selon moi, mais tout à fait passionnant, et probablement voulu - révélant par contraste avec le Gardeur de troupeaux le talent de caméléon de Pessoa ; ici le poète est triste et nous le dit très clairement : la vie n'est que souffrance. Mais subsiste toujours cette fameuse beauté que seuls ceux qui souffrent peuvent éprouver, et il nous la livre de la plus belle des façons dans ses vers magnifiques.
Comme l'indique la précédente critique d'ArnoldB, le Gardeur de troupeaux est plus "lointain", au sens où la sagesse de Caeiro prend le pas sur l'émotionnel et l'empathie que l'on ira ressentir assez fortement à la rencontre des vers d'Alvaro de Campos.
Ce recueil eux éditions Poésie/Gallimard nous présente deux facettes bien distinctes de la personnalité de Pessoa, l'une qui vise à la clarté et à la simplicité, l'autre plus sombre et torturée.