Par Ludovic Barbiéri

Quand on tombe sur une coïncidence amusante, on a tout de suite tendance à trouver ça incroyable ; pour un peu, on se mettrait à croire qu’il existe une destinée, que tout répond à un grand plan global, etc. Erreur, répond Thomas Post, héros de ce deuxième roman de l’anglais J.W. Ironmonger, le premier traduit en français : selon lui, aucune de ces coïncidences n’est si extraordinaire que ça, et un simple calcul de probabilités suffit généralement à le prouver. D’ailleurs, il passe sa vie à ça : prof à l’Université de Londres, il donne des cours sur les coïncidences et les probabilités, en démontrant à ses élèves que tout ce qui nous arrive est au fond assez banal. Là-dessus, il tombe un jour dans le métro sur un embouteillage d’escalator au cours duquel il se blesse assez douloureusement. Une jeune femme est blessée aussi. Coïncidence : elle bosse dans la même Université. Coïncidence au carré : sa propre vie est une accumulation sans fin de coïncidences, avec des dates qui reviennent tout le temps, des similarités hallucinantes et des régularités qui ne peuvent pas être dues au hasard. Piqué au vif par son cas, et légèrement séduit, aussi, Thomas se penche sur son histoire…

Le thème choisi par J.W. Ironmonger est diablement bien vu ; d’une certaine façon, c’est même le sujet caché de tout roman qui se respecte, puisque la tâche du romancier est de réunir divers fils dans un même faisceau, donc de créer des coïncidences forcées pour que les facettes de l’histoire tiennent ensemble. Et comme Ironmonger n’est apparemment pas du genre à se rendre la vie facile, il déploie ce motif sur plusieurs époques et plusieurs lieux, de l’île de Man à l’Afrique centrale et des années 1980 à aujourd’hui, avec quelques scènes spectaculaires au fin fond de la savane ougandaise, où des milices fanatiques font régner la terreur et coupent à la machette les bras et le nez des enfants. Ce décor n’a pas été choisi par hasard, l’auteur ayant passé pas mal d’années dans la région, dans une autre vie. Pour le peu qu’on sait de lui, il paraît qu’il a été zoologiste, qu’il a traversé le Sahara dans une guimbarde d’une valeur de 100 livres (la preuve de cet exploit se trouverait sur Youtube), et qu’il a rencontré Idi Amin Dada lors d’un match de rugby. On lui doit aussi un essai sur les zoos britanniques et un premier roman, The Notable Brain of Maximilian Ponder. Roman qui n’était probablement pas mal du tout : vu la réussite de celui-ci, ce serait tout sauf un hasard.
Chro
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le 7 juil. 2014

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Chro

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