Clavier QWERTY : veuillez excuser l'absence d'accentuation. Les eventuelles coquilles ne seraient bien sur pas de la responsabilite du clavier.
Ma critique sera courte compare a mes standards habituels. Je reconnais a Tidiane N'Diaye d'aborder un sujet quasi-tabou tant dans les milieux universitaires et mediatiques occidentaux que dans les societes subsahariennes et arabo-musulmanes contemporaines. Par ailleurs, si le style n'est pas universitaire dans la forme, le travail est source et la bibliographie bien documentee.
En une phrase l'auteur tente de demontrer que la traite arabo-musulmane a ete plus grave dans sa duree (commencee au VIIeme siecle et terminee officiellement au XXem siecle) et son intensite (environ 17 millions d'esclaves, sans compter les "collateraux") que la traite Atlantique et les chatiments subis par les esclaves (enucleation des hommes, avortement force frequent des femmes) justifient selon lui la qualification de genocide.
Par ailleurs, l'auteur rappelle d'autres faits interessants comme la primaute de l'utilisation rethorique de la malediction de Cham par les arabo-musulmans pour justifier la traite negriere ou le fonctionnement quasi-feodal de l'Empire du Ghana rappele au debut de l'ouvrage qui peut appuyer le recours aux Africains de leur propres traditions endogenes. Mais je tiens a souligner que le fond du propos de l'auteur me gene car pris trop serieusement il contribue a justifier la position victimaire incapacitante : en soulignant sur le mythe age d'or prealable aux razzias et a l'esclavage arabo-musulman et en designant presque comme facteur monocausal du declin sans fin de l'Afrique. S'il a raison de rappeler les faits de la traite arabo-musulmane au nom de la verite historique, je trouve que ce genre de message ne sert pas vraiment le public africain de l'ouvrage ; en revanche je reconnais que les Blancs notamment les droitards qui vont lire l'ouvrage pour se renseigner sur l'autre traite negriere qu'on ne leur enseigne pas a l'Ed Nat vont probablement y trouver leur compte.
En bref c'est un ouvrage courageux dont je recommande la lecture mais qui, je pense, aurait merite un message plus volontariste pour les societes africaines car, outre le cote potentiellement incapacitant du ressentiment et de la victimisation, ces affects qui marchent sur les societes occidentales contemporaines, ne marcheront probablement pas avec ces clients la.