Le Gosse
7.8
Le Gosse

livre de Véronique Olmi (2022)

Joseph est né en juillet 1919 à Paris, il est un titi, un gosse de sept ans, maigrelet, mais robuste. Il n'a jamais connu son père, mais son père ne lui manque pas puisqu'il n'en a aucun souvenir. À l'école, il apprend à compter, à lire, à écrire et à tomber amoureux de la patrie. Sa mère ne pense qu'à s'amuser, elle a ça dans le sang. Une femme qui a le diable au corps finit toujours mal et Colette meurt des suites d'un avortement clandestin. le pire des crimes pour une nation qui a besoin d'enfants pour se reconstruire. Sa grand-mère devient sa tutrice légale, la vie s'organise. Mais sa grand-mère perd la tête, elle est emmenée à l'asile. On ne laisse plus les enfants sans soins ni éducation. La République s'en occupe, et Joseph se retrouve en Picardie à faire le garçon vacher dans la ferme d'une famille nourricière. Avant de connaitre le bagne réservé aux enfants.
Le succès de « Bakhita », prix du roman Fnac en 2017, n'a fait que confirmer la grande plume sensible de Véronique Olmi qui se révèle à nouveau pleinement dans ce nouveau roman. L'auteure nous raconte l'histoire édifiante d'un Titi de l'assistance publique, elle nous décrit l'horreur des bagnes d'enfants où s'entassent les déshérités de la vie, des enfants trouvés dans le ruisseau ou au coin d'une porte, lâchement abandonnés les humiliations, les insultes, les tortures, les bagarres, les faveurs sexuelles. Un lieu où Joseph désapprend à lire, à écrire à compter parmi les racailles et les vicieux de la République. Ce roman se déroule sur un fonds historique, l'Europe qui devient brune, l'ordre du monde qui bascule, le Front populaire, la victoire de la classe ouvrière, la vie appartient au peuple, Les grèves qui surgissent de partout, les premiers congés payés. Et puis la découverte de la musique, celle de Louis Armstrong, qui lui ouvre des portes qu'il n'avait jamais osé pousser, vers la beauté et la liberté. Ce roman qui est cru et violent est en fait une formidable histoire d'amour.

feursy
8
Écrit par

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le 3 mars 2022

Critique lue 362 fois

Yves MONTMARTIN

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