Ellroy fait exploser le cadre
Avec le deuxième volume du quatuor de LA, Ellroy franchis un pallier et fil tout droit vers le chef d'oeuvre.
Si Le Dahlia était un excellent polar, noir, bien construit et rythmé, il restait encore dans les lignes du roman policier. Avec Le Grand Nulle part, James fait tout exploser : l'intrigue, les personnages, la puissance romanesque...
Le grand nulle part ce sont les histoires, forcement entrecroisées, de trois policiers perdu ou en perdition dans le LA de 1950. Au programme chasse aux rouges à Hollywood et série de crime homosexuel.
On suit donc trois personnages en alternance, prisonnier de l'implacable construction de l'auteur qui reliera tout les fils dans les derniers pages.
Dans LGNP, les héros Ellroyiens sont plus pourris et violent que jamais mais aussi plus charismatiques et porteur d'un destin encore plus sombre. Difficile de resister aux charmes malsains des ces flics aux méthodes douteuses qui trainent un lourd passé et rêve d'un avenir meilleurs. Ils sont tous d'une justesse incroyable. Le personnage de Danny Upshaw, homosexuel refoulé, est particulièrement bouleversant. Tous les lecteurs, homme ou femme, hétéro ou homo peuvent tombé amoureux de Mal, Danny ou Buzz.
Ellroy dynamite aussi l'intrigue. En la repartissant sur trois personnages et en tirant les ficelles sans jamais se perdre grâce a une construction implacable mais pas seulement. Les ramifications politiques, les embrouilles électorales, la face cachée d'Hollywood et de LA prennent une place nettement plus importante. Des personnages récurrent du quatuor se mettent en place. Ellroy récrée une LA fictive et mythique mais basée sur la réalité pour mieux nous fasciner en nous montrant des horreurs. Ca n'est pas juste l'oeuvre d'un romancier mais celle d'un créateur d'univers. Un univers noir, vénéneux et fascinant.
Indiscutablement un livre qui marque un palier dans la carrière de James Ellroy mais aussi dans la vie d'un lecteur de policier ou il y'a forcement un avant et un après Le grand nulle part.