J’ai commencé ma lecture du Jeu sérieux en levant les yeux au ciel. Lire à la deuxième page "M'aime-t-il ? Oh oui, bien sûr qu'il m'aime [...] Je l'aime. Je l'aime." n'est pas forcément de bon présage. Mais deux choses m'ont fait lire d'une traite ce roman en une nuit : tout d'abord, la toile de fond passionnante d'un journal libéral de la fin 19e à Stockholm. Affaire Dreyfus et dislocation de l'union Suède - Norvège, querelles de journalistes et jalousies littéraires, les intrigues secondaires autour du Nationalblad et ses personnages sont un vrai plaisir de lecture et d'"immersion". Et bien-sûr, cette histoire d'amour (et d’adultère) qui s'avère beaucoup moins mièvre qu'à prime abord. Portée par une analyse psychologique passionnante, le livre nous emmène dans les méandres assez sombres de ce que peut impliquer l'amour, avec son lot de trahisons, de regrets et de fatalité. Le personnage principal, Arvid, se pose des questions sur la morale, son ambition, la trace qu'il laissera en ce bas monde, mais se finit par se laisser entraîner dans ce qui n’est qu'un jeu malheureux, bien que sérieux, pour son malheur à lui mais pour notre bonheur de lecteur.