Retour dans les années 1980 avec ce livre de la journaliste et écrivaine Judith Perrignon. Elle mène ici une enquête détaillée pour nous raconter ces 11 ans durant lesquels la Dame de Fer fut Première Ministre. En recueillant divers témoignages, elle trace le portrait d’une femme forte, sans beaucoup d’états d’âme et qui divise encore aujourd’hui quant aux décisions qu’elle a prises.
L’enquête se focalise quasiment essentiellement sur deux angles. Un angle politique avec la confrontation avec l’Irlande et un angle social avec les grèves des mineurs. Le sujet est intéressant, la forme un peu déroutante au début. On a l’impression de lire ici le script d’un documentaire sur Margaret Thatcher et on imagine très bien les images qui peuvent se superposer aux mots.
Judith Perrignon interroge ici des fidèles comme des opposants pour analyser l’action politique de la Première Ministre. C’est très intéressant et très vivant compte-tenu de la forme choisie. On suit le parcours de Margaret Thatcher de ses premiers pas au 10, Downing Street jusqu’à sa démission 11 ans plus tard à travers les yeux de ceux qui ont travaillé à ses côtés ou qui l’ont affronté.
C’est très instructif et cela montre toute la complexité du personnage. Femme politique implacable, elle apparaît ici comme une personnalité froide, rigidifiée par une éducation stricte et très solitaire. Capable de prendre des mesures extrêmement impopulaires, elle ne concède jamais rien, portée par la certitude d’être dans le vrai. Elle laissera ainsi mourir 10 membres de l’IRA emprisonnés et qui se sont lancés dans une grève de la faim et ne cédera pas face aux syndicats lors de la grève des mineurs de 1984.
Le bilan est évidemment différent selon que l’on s’adresse à ses partisans ou à ses adversaires mais rappelons quand même que ce sont les membres de son propre parti qui ont fini par lui retirer leur soutien et la pousser à la démission. Et que la statue qu’il était prévu d’ériger à Londres n’a finalement pas été installée, ni dans la capitale ni dans sa ville natale de Grantham, par crainte qu’elle soit vandalisée. Preuve qu’à bientôt 10 ans de son décès, la Dame de Fer soulève toujours les polémiques !