A vingt-six ans, Jarred se retrouve paralysé à la suite d’un accident au cours duquel une jeune femme est morte. Et le voilà contraint de reprendre contact avec son père qu’il n’a pas vu depuis dix ans ! Commence alors, entre les deux hommes, une cohabitation qui ne va pas sans heurts, entre rancune, non-dits et tentatives de rapprochements plus ou moins maladroits.
Jarred McGinnis nous livre ici un très beau récit intimiste sur une relation père-fils qu’on sent très vite pleine d’un amour qui ne parvient pas à s’exprimer, prisonnier qu’il est d’un passé très lourd.
Jarred a en effet eu une enfance plutôt tumultueuse. Après le décès de sa mère, il a été livré à lui-même, son père sombrant dans l’alcoolisme. Le jeune garçon a enchaîné les excès jusqu’à la fugue finale. Cette cohabitation avec son père est donc entachée de cette histoire commune.
Elle est d’autant plus difficile que Jarred revient en fauteuil roulant et donc avec une forme de dépendance qu’il a du mal à accepter.
L’auteur livre ici une double réflexion autour de la relation filiale et de la différence. Jarred est un jeune homme en colère, qui en veut autant à son père qu’à lui-même et qui reçoit son handicap comme une sorte de châtiment pour la vie dissolue qu’il a mené. Et pour évacuer cette colère, il cherche la confrontation avec son père. Les rapports des deux hommes oscillent ainsi entre une réconciliation qui a du mal à venir et des échanges musclés où la rancœur et la peine sont présentes.
En parallèle, Jarred doit apprivoiser les déplacements en fauteuil roulant et les contraintes que cela impose mais aussi apprendre à vivre avec le regard des autres.
Le roman est très souvent drôle, teinté d’un certain humour noir, mais il offre aussi de réels moments d’émotion à travers des personnages attachants qu’on se plaît à suivre dans leur travail de résilience, de reconquête de soi et de l’autre. C’est un premier roman très réussi.