Le livre du regretté Jean-Yves Moyart aka Maître Mô sur Twitter, est une véritable claque. Pour qui s’intéresse un peu à la justice en France mais aussi pour toute personne qui se sent un peu humaniste et éprouve de l’empathie pour son prochain.
Avocat dans le nord de la France, Maître Moyart revient dans son livre sur les affaires qu’il a eu à traiter et qui l’ont particulièrement marqué. Surtout en matière pénale. En les romançant un peu, mais en gardant toujours une authenticité criante. Le livre était sorti une première fois en 2011, sous le titre de Au guet-apens mais était épuisé depuis lors. Suite au décès de Mô, ses amis et confrères ont été à l’initiative d’une nouvelle édition, augmentée de textes inédits.
Bien que la majorité des textes présents dans le livre soit issue du blog de Maître Mô, rien n’est comparable à l’expérience de tenir ce livre en main.
Ce qui distingue cet ouvrage, c’est la variété des récits, la variété des styles employés (la lettre, le récit analytique et précis, le mystère, le twist). Pour une histoire, on sort même totalement du monde judiciaire pour être témoin d’un drame personnel où le destin d’une amie de l’auteur fera cruellement écho à ce qui lui arrivera par la suite.
Sur le terrain du droit, les concepts sont exposés avec précision et concision, et cela rend la procédure pénale intelligible (un cas de comparution immédiate est à cet égard très instructif). Et c’est quand l’avocat est au clair avec le droit qu’il peut exiger la même chose de la magistrature. En lisant ce livre, parfois, on se demande qui défend le mieux les principes du droit entre l’avocat et le magistrat.
Mais outre le style impeccable, varié, la fluidité remarquable de l’écriture, directe, simple mais pourtant parfois un peu lyrique, ce que l’on retient, ce sont les personnes décrites avec humanité. C’est la confiance aveugle de cet avocat en son prochain. C’est son courage, sa naïveté parfois mais qui est nécessaire à son humanisme, jamais pris en défaut. Les défendre tous, telle est la mission, et là est la grandeur de l'avocat. Car oui, quel que soit l’acte commis, il y a toujours une petite lueur d’espoir, toujours quelque chose qui rattache une personne, fusse-t-elle criminelle, à l’humanité. Avec Mô, c’est l’humain d’abord, l’humain toujours, envers et contre tout. Car il n’y a que comme cela que l’on peut combattre l’injustice.