Essentiel mais chiant sur la durée
Le but du livre noir de la psychanalyse est salutaire : remettre de la vérité là où la psychanalyse a bâti des mythes. Dans le fond il n'y a rien à redire. Si ce n'est "enfin!". Oui enfin un livre qui fout une grosse tarte dans la tête de toutes ces théories farfelues aussi incompréhensibles qu'éloignées de l'observation clinique. Le soucis c'est qu'on se rend vite compte que c'est avant tout un livre pour bâcher Freud himself. Jusqu'à l’écœurement d'ailleurs puisqu'il y a même une partie sur la "moralité" contestable de Freud (pour justifier qu'on peut remettre en question la psychanalyse parce que son créateur était tout sauf droit dans ses pompes). En 100 pages on a compris le message. A quoi bon en rajouter des tartines? Surgit l'autre problème : le manque total de travail en équipe pour écrire ce livre. Il s'agit essentiellement d'une collection d'articles disparates attaquant la psychanalyse. Certains intéressants d'autres beaucoup moins. Mais le livre aurait gagné à être né d'une véritable synergie des forces anti psychanalyse. Il aurait été intéressant de démonter point par point les grandes théories psychanalytiques de façon systématique par des auteurs différents. Freud, donc, est au cœur de la critique. Les autres "grands psys" sont plutôt épargnés. Bettleheim se fait tacler (mais pas suffisamment violemment à mon gout) surtout dans une critique globale de la théorisation de l'autisme. Dolto est surtout citée et paraphrasée plutôt que réellement critiquée par des arguments convaincants (au passage toute la partie finale sur l'éducation est d'un chiant...). Mais, bizarrement, Lacan n'est presque pas attaqué. C'est pourtant LA figure psychanalytique française. Ses théories auraient mérité un acharnement bien plus grand que celui contre Freud à mon avis.
En Poche le livre fait plus de 600 pages. Et croyez moi on les sent passer. Sincèrement au bout de 150 pages on peut arrêter de le lire, on a compris le propos. Le livre aurait gagné à être plus concis et plus porté sur des contre arguments que sur des citations systématiques qui alourdissent le propos (même si c'est dans un soucis de prouver ce qu'on avance). Du coup Le livre noir se tire une balle dans la pied tout seul en étant chiant. Intelligent certes mais chiant. Comme beaucoup de livres de psychanalyse quoi...