Le Mahabharata par Sisyphe
« Deux morceaux de bois qui flottent se rencontrent sur l’océan et l’instant d’après se séparent.
De même ta mère et toi, ton frère et toi, ta femme et toi, ton fils et toi.
Tu l’appelles ta femme, ton père, ton ami, mais ce n’est qu’une rencontre sur le chemin.
Ce monde est une roue qui tourne, un passage dans le grand océan du temps où nagent deux requins, la vieillesse et la mort.
Rien ne dure, pas même ton corps.
Aucun lien ne résiste au temps.
En ce moment, tu ne vois pas tes ancêtres, et tes ancêtres ne te voient pas.
Tu ne vois ni le ciel ni l’enfer.
Qui font le vent, le feu, la lune, le soleil, le jour, la nuit, les rivières, les étoiles ?
Tout est fixé dans cette création diverse, dont la cause n’est pas comprise.
Nul ne reste, nul ne revient.
Plaisir, douleur, tout est fixé par le destin.
Ce que tu désires, tu l’as.
Ce que tu ne désires pas, tu l’as.
Personne ne comprend pourquoi.
Rien ne garantit le bonheur de l’homme.
Où suis-je ? Où irais-je ? Qui suis-je ? Pourquoi ?
Et sur quoi devrais-je pleurer ? »
p. 292-293