Qui suis-je pour critiquer Molière ? Il s'en tamponnerait bien l'oreille de mes propos. Mais lectrice je suis, alors je pense.
Géniteur de personnages emblématiques, Molière fidèle à lui même raconte comment une femme va se venger des coups de baton de son mari : un polichinelle fier, un peu désuet mais surtout très opportuniste. Et hop ni vu, ni connu je te fais un classique de littérature. La mégère s'arrange donc pour faire croire que son mari Sganarelle est un médecin aux remèdes miracles, mais qu'il faut le rouer de coup pour qu'il accepte d'osculter quelqu'un : vu comme délire psychologique ou plaisir masochiste c'est comme on veut. De là il est dit qu'une fille de bonne famille est soudainement devenue muette (victime d'un mariage forcé, la belle a trouvé ce moyen d'expression remarquable pour repousser sa réclusion conjugale) : voici la victime du cher "docteur Nostradamus". Par un heureux hasard le Roméo de la jeune fille demande l'aide du "médecin" pour obtenir les faveurs du paternel. Ainsi les amoureux se retrouvent, en plus le jeune, il hérite ça tombe bien, la nymphette retrouve l'usage de la parole et le faux médecin lui est féllicité par une poignée de grisbis.
Seulement je m'attendais en (re)-lisant ce classique à des dialogues plus subtils et clivants. Je voulais etre transportée par un florilège de mots parfaitement enlacés et rire à gorge déployée. Bon ben c'est loupé. J'ai aussi trouvé la fin très abrupt, je pensais que la comédie allait continuer avant la baissée de rideau, que nenni ! Je suis restée pantoise devant la dizaine de pages de commentaires prenant la relève. Comme quoi le défaut de ce livre est peut-etre seulement qu'on en redemande.
De toute façon il tourne bien en dérision la vanité et l'indifférence d'une classe sociale sans morale (je pense aussi à Tartuffe, Le Bourgeois gentilhomme, Les Fourberies de Scapin ...) avec un fil de pensées et d'audace singulier par rapport à cette société de bouffons démagogues (je dis pas si on a évolué).
Bref, ça a du grandement contribuer à l'impudence du théâtre.