Critique de Le Miroir d'ambre par Sylvain
Et j'ai pleuré à la fin.
Par
le 29 août 2010
19 j'aime
5
Une conclusion formidable, même si je suis peut-être moins convaincu par l’ensemble. En l’occurrence, le rythme me paraît moins maîtrisé, en outre à cause d’une intrigue beaucoup plus dense qui aurait peut-être mérité d’être découpée en deux tomes. Sans que ce soit confus ou indigeste, il s’y déroule de nombreuses péripéties, d’autant plus qu’on suit désormais plusieurs fils rouges et personnages. Par conséquent, certaines intrigues peuvent parfois paraître un peu décousue (par exemple celle de Mary Malone qui, paradoxalement, est sans doute la plus intéressante et originale du livre).
Pullman, toujours aussi efficace et juste avec sa plume, abandonne toute retenue cette fois-ci pour écrire une œuvre dense, riche, épique pour conclure une saga fantastique. Il n’oublie pas non plus de continuer à développer son univers pour donner les dernières clés pour comprendre la Poussière et le rôle qu’elle y joue. Pullman aborde notre propre mortalité et la peur qu’elle peut représenter, il aborde aussi de manière encore plus frontale l’adolescence et le passage à l’âge adulte, l’amour qui nous anime. Alors que le combat ultime de Lord Asriel contre les forces de l’Autorité prend une tournure épique, Pullman nous rappelle que le cœur de son récit ne réside pas dans ce conflit, presque anecdotique, mais bien dans ce qui fait de nous des êtres humains et ce qui nous anime. Le parcours initiatique de Lyra et Will est là pour nous rappeler ce qui est important.
Le duel science/religion est sans doute moins présent ici, même si on baigne toujours dans cet univers steampunk où technologie et surnaturel se mélangent, en dehors du fil rouge de Mary, qui pour le coup enfonce le clou (peut-être pour ça que c’est ma partie préférée ; même si, du coup, elle semble déconnectée du reste de l’intrigue). Même si c’est le dernier tome, Pullman n’hésite à nous plonger un peu plus dans son univers, à tracer des parallèles évidents avec la Genèse, tout en la déconstruisant et en la désacralisant, pour mieux nous émerveiller. De plus, on sent la pression s’accroître sur les épaules de Lyra et Will et même si pendant un long moment, ils suivent leur propre route, cela ne rendra pas leurs péripéties moins palpitante.
De même que les manigance de Mme Coulter et Lord Asriel, ou du Magisterium, chacun ayant ses propres objectifs. Et c’est là un des coups de maître de Pullman. Car si Lyra est au centre du conflit qui anime cet univers, elle n’en prendra au final que très peu part. D’ailleurs, son unique action, ô combien décisive et symbolique, deviendra presque anecdotique dans l’ensemble. Parce que ce n’est pas là que réside l’œuvre de Pullman : il présente cette guerre idéologique avant tout comme menée par des protagonistes qui ont été emporté par leur ambition. Le sort qui les attend ne sera d’ailleurs pas un hasard.
La conclusion reflétera plutôt bien cet aspect-là, dans le sens où la résolution du conflit survient lui-même aux trois-quarts du récit, mais c’est bien ce dernier quart qui contiendra la véritable résolution de l’intrigue. Cette tentation tant redoutée, annonciatrice de chaos, se révèle au final celle qui aura permis de sauver le monde ; là où les tentative pour l’empêcher ou la contourner y ont provoqué sa perte. D’ailleurs, Pullman saura se révéler une nouvelle très juste et pertinent dans son style, transmettant ainsi beaucoup d’émotions, et surtout réussissant à mettre les bons mots pour les véhiculer. Le seul petit défaut, c’est l’aspect un peu pavé de ce dernier quart, où on sent que Pullman avait encore beaucoup de choses à dire mais qu’il devait aussi conclure. Par conséquent, toutes les révélations sont apportées d’un coup en peu de temps.
Bref, cette conclusion est tout aussi formidable que l’ensemble de cette trilogie, même si j’aurais personnellement une préférence pour le second tome. Elle est riche, dense, épique, pertinente et véhicule de nombreux messages importants. Pullman parvient à leurrer son lectorat et subvertir ses attentes en mettant le cœur de son récit pas forcément là où on l’aurait cru. Ce côté presque anticlimatique du conflit et anecdotique de sa résolution, en opposition avec la place donné à la véritable conclusion de la saga. Et c’est ce qui fait la force de ce tome.
Comme pour les précédents, la plume de Pullman est un délice. J’ai mis beaucoup de temps à me lancer dans cet univers et je ne regrette pas, c’est l’une des plus belles expériences de lectures que j’ai pu avoir. À la croisée des mondes est une saga magique !
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Créée
le 22 nov. 2020
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