Post-apo douce et mélancolique
Dans la fiction, les mondes post apocalyptiques sont souvent peu fréquentables : irradiation nucléaire, zombies anthropophages, mutants hostiles, tribus d’humains qui s’entre-tuent pour un lot de string propres…
La vision du monde d’après que « Le monde enfin » propose est radicalement différente, beaucoup moins sinistre, sauf peut être pour l’Homme qui a encore moins d’avenir qu’a l’habitude. Et pour cause, il a peu ou prou complètement disparu lors de l’Extinction
L’humanité a été éradiqué à 99,9% en quelques jours a peine par un virus, la terre débarrassée de son cancer, la flore et la faune reprennent doucement leurs droits, effaçant peu à peu les traces de l’humanité.
Le roman ressemble beaucoup, sans en être un, à un fix-up, c’est-à-dire un recueil de nouvelles formant une histoire cohérente. D’ailleurs, renseignements pris, certains récits qui composent « Le monde enfin » ont été publiées sous forme de nouvelles entre 1975 et 2004. Cette structure donne au roman une diversité de thème assez intéressante.
Au fil des chapitres, on découvre donc différents fragments et époques de cette terre dépeuplée, certains reliés entre eux, d’autres indépendants. On croise des cosmonautes de retour sur terre, le survivant d’une arche, un vieillard solitaire qui servira de fil rouge, une enfant sauvage qui grandie avec les rats….
Empreint de mélancolie mais dépaysant, agréable à lire mais manquant parfois de rythme, « Le monde enfin » est trop long pour ne pas être un peu décevant.
La terre vidée de ses habitants est un terrain d’aventure et d’émerveillement simple mais efficace. La visite de Paris par des cosmonautes en rupture de fusée est assez mémorable. : Envahi par l’eau comme Venise, peuplé par une faune africaine, couvert d’une végétation luxuriante, la vision est troublante, D’autres fragments sont tout aussi bon, et il est alors difficile de décrocher,. Malheureusement ça n’est pas le cas de tous, le plus gros défaut du livre étant sans doute sa longueur.
Certains chapitres sont beaucoup trop mous pour leurs propres bien. Le style est parfois un peu trop ronflant, notamment quand l’auteur nous sert des pages et des pages de descriptions écolo un peu lourdingues sur le cycle de la vie etc….
Le roman est si long qu’il manque sa fin.
Une conclusion intéressante se présente 80 pages avant la fin mais se voit adjoindre 2 chapitres supplémentaires qui ouvrent de nouvelles perspectives et permettent à l’auteur de souligner son propos. Sans doute y’a-t-il des lecteurs distraits qui n’avait compris le message au bout de 500 pages. Le dernier chapitre qui fait office de tour de force stylistique m’a paru un peu ronflant et inutile
Au final, un roman post apocalyptique plutôt agréable avec une vision originale du « post-apo » , rempli de nostalgie pour une humanité disparue brutalement. Les thèses écologistes sont un peu trop appuyées, l’ensemble manque de subtilité et d’impact à force de dilution mais « Le monde enfin » reste un roman de SF de bonne facture.