Cette première rencontre avec J.G. Ballard s'est malheureusement révélée un rien décevante. Et pourtant, l'argument avait de quoi me séduire : une ancienne métropole peu à peu submergée par la montée des eaux et envahie par une végétation géante aussi bien qu'excentrique, aux apparences antédiluviennes, abritant une faune dangereuse. Et là, quelques humains, parmi lesquels Kerans, le héros, qui tentent plus ou moins d'étudier ces nouveaux phénomènes climatiques auxquels est soumis leur monde.
On pourrait penser, a priori, que le roman tient de la veine écologique de la science-fiction. Ce n'est pas vraiment le cas, mais peu importe, après tout. Le récit prend en revanche une tournure clairement onirique, à grands renforts de descriptions et de métaphores tout aussi poétiques que, disons-le tout net, psychanalytiques. La présence des ruines omniprésentes, de la végétation envahissante, de l'eau inquiétante, contribuent à créer une ambiance à la fois mystérieuse, luxuriante mais délétère, impressionnante mais étouffante, et, au final, extrêmement morbide. Les rêves et l'environnement prennent le dessus sur les humains, les renvoyant, d'abord dans leur sommeil (puis, plus tard, également à l'état de veille), à une nature terriblement attirante en même temps que repoussante et à une évolution à rebours, qui les ramèneraient aux premiers temps du monde. Mais si j'ai été sensible à cette atmosphère de fin du monde, malgré un style que j'ai parfois trouvé un rien emphatique, il m'a semblé que le roman ne développait pas suffisamment le thème principal - cette régression à la fois géologique et mentale -, bref, qu'il n'allait pas au terme de son parcours. Non pas que la fin ouverte m'ait dérangée, mais il m'a indéniablement manqué quelque chose ; peut-être une réflexion un peu plus poussée sur le sujet.
M'ont aussi un peu ennuyée les chapitres avec le personnage très peu fréquentable de Strangman, sorte de pirate avec des penchants sadiques, qui a évidemment toute sa place dans ce monde apocalyptique. Mais le texte finit alors par se perdre dans la description de ses allées et venues et celle, franchement longue, des sévices (bon, rien de complètement insupportable, que les âmes sensibles se rassurent) qu'il inflige à Kerans. Il m'a semblé également que la psychologie des personnages aurait gagnée à être davantage développée et que, peut-être, une narration à la première personne aurait enrichi le roman.
Du coup, j'ai tout de même envie de tenter La forêt de cristal mais je crains de me heurter aux mêmes écueils. Ce qui est certain, c'est que je ne m'arrêterai pas là dans ma fréquentation de J.G. Ballard. I.G.H. et Vermilion Sands restent à coup sûr dans ma ligne de mire.