Après Comment vivre en héros en 2017 chez Gallimard mais aussi L’Origine de la violence en 2009, le livre qui avait contribué à le faire connaître du plus grand nombre, Fabrice Humbert est revenu en librairie il y a quelques semaines. Son nouveau livre : Le monde n’existe pas. L’occasion d’un voyage du côté des États-Unis à la conquête… de soi.
La bande-annonce
« Autrefois, j'avais un ami. Je l'ai rencontré il y a bien longtemps, par un jour d'hiver, sautant de sa voiture et grimpant quatre à quatre les marches du lycée Franklin. C'est le souvenir le plus vivace que j'aie de lui, une impression inégalable d'éclat et de beauté - les couleurs scintillantes d'une époque où toutes mes sensations étaient brutales. Figé sur les marches, rempli d'admiration et de honte, j'étais égaré dans ma condition de « nouveau », égaré en moi-même. Il m'a sauvé - des autres, de ma propre jeunesse. Des années plus tard, alors que cet homme était devenu une image détestée, j'ai tenté de le sauver. J'aurais aimé qu'on sache qui il était vraiment. »
Lorsque Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, voit s'afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d'un homme recherché de tous, il le reconnaît aussitôt : il s'agit d'Ethan Shaw. Le bel Ethan, qui vingt ans auparavant était la star du lycée et son seul ami, est accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l'enquête. Il comprendra bientôt que cette affaire dépasse tout ce qu'il pouvait imaginer...
L’avis de Lettres it be
La question des fake news dans une société moderne aux prises avec la vérité, comment être un homme aujourd’hui d’après les canons qui se font et se défont, de quel côté des barreaux sommes-nous les plus libres… Dans son nouveau roman, le septième, Fabrice Humbert met la focale sur des questions massives qui donneront une toile de fond idéale à l’ensemble de son récit. À travers l’épopée de ce journaliste au New Yorker lancé sur les traces d’un fait divers, de la vérité et de lui-même, Fabrice Humbert nous invite à considérer et reconsidérer bien plus qu’une simple histoire de meurtre. Ou quand notre identité se meurt à petits feux…
Une fois encore sous la plume de Fabrice Humbert, la question de l’identité occupe toute la place. Cette fois, dans Le monde n’existe pas, cette identité est celle qui se construit à travers l’Autre, à travers, ici, la figure du bel Ethan, hier Apollon de lycée, aujourd’hui paria parmi les parias. Adam Vollmann, héros de ce roman, court donc à la recherche de cette partie de lui-même laissée dans cette amitié de lycée qui ressurgit brutalement dans son existence alors que son vieil ami est l’auteur du pire.
Du récit au roman noir, il n’y a qu’un pas que Fabrice Humbert franchit avec brio. Dans Le monde n’existe pas, on passe aisément d’une question à une autre, d’un registre à un autre, bien guidé par un auteur décidément avec l’aise avec l’expression des tourments intérieurs sans pour autant tomber dans la mièvrerie trop courante des creux échos de l’égo. Une fois, sur près de 250 pages, Fabrice Humbert est juste, dans le bon ton, le bon rythme. Une confirmation, comme si c’était encore nécessaire.
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