Bernard, Bernard, ce n'est pas parce que tes parents ont choisis ton prénom à la va-vite que tu dois reproduire ce schéma d'échec et le laisser régir ta vie pour te transformer en une sorte d'affirmation humaine d'une théorie erronée sur le déterminisme. Sincèrement, si tu es si ouvert d'esprit, cool, troisième degré ( moi aussi je peux être troisième degré, file moi un thermomètre ), j'en suis ravie pour toi. Tu vois, j'essaye de t'écouter quand tu parles, ton histoire de construire son bonheur au lieu de réduire son malheur, je crois que j'ai pigé. Tu pigeras donc que je n'achète plus un seul de tes livres, hein?
Tu accepteras ces excuses plates que je te fais de les avoir acheté. C'est tellement matérialiste, anti-évolution, bref, totalement conventionnel, tu en conviendras. Après tout, tout les échecs sont inéluctables, c'est un peu la théorie de début. D'ailleurs c'est bien pensé : puisque les échecs sont inéluctables, ce livre était fait, depuis l'origine du monde et la naissance de la première fourmi, pour me déplaire. Donc tout est de ma faute si je ne t'aime, vraiment, vraiment pas hein, en tout bien tout honneur. Au fait, on admettra que ce petit avatar, cette petite incrustation dans ton propre bouquin... Oh oui, comme on dit souvent dans les salons de la pêche au poulpe; les livres de Werber sont d'une finesse inégalée. Quand tu glisses un personnage ECRIVAIN et "SUBVERSIF" ( selon ta définition, mon brave ) et AIME PAR LES ADOS, PAS PAR LES ADULTES qui fait DU 3EME DEGRE, et comme il se doit est UN GRAND GÉNIE INCOMPRIS, tu espères que le lecteur face le parallèle? Encore une de tes jolies techniques pour prouver que tu es bon : si je ne t'aime pas, ce n'est pas que tu n'es pas bon, c'est moi qui suis la mauvaise lectrice réactionnaire. Ou la lectrice qui en a marre de tes clichés et du manque cruel de crédibilité de tes dialogues, de tes actions. Tu es aussi un peu ce Michael qui utilise des Messie à tout va pour cacher son manque cruel de maitrise des parties ; Bernard, Bernard, ce n'est pas parce que tout le monde le fait que tu es obligé, toi aussi, de nous parler d'amour. En l'espace d'un tome d'une trilogie, Michael-l'artichaut il arrive à aimer une meuf ( ouais, michael est un rebelle, donc il n'a que des meufs. jamais de femmes, quoi que tu essayes de nous faire croire ), puis elle crève ( Si seulement tu écrivais Roméo & Juliette chez les Dieux, ça nous aurait permis d'abréger de pas mal de pages ) et il aime une autre meuf ( qui en vaut un peu plus le coup, ne nous voilons pas la face ) puis encore une autre meuf ( waah, trop beau, d'abord elle le hait ensuite elle l'aime, c'est du JAMAIS VU ! ) puis il revient dans ce monde chelou ou meuf-qui-en-vaut-le-coup l'attend ET NE LUI EN VEUX PAS mais, attend, il garde meuf-amour-haine sous le coude, et la, grosse complication romantico-dramatique, la meuf-Juliette revient d'entre les morts et là ça devient digne d'Hélène et les garçons. Mais je ne développerais pas plus, Bernard. Souviens-toi...
Ce n'est pas ta faute. C'est moi la mauvaise lectrice.