Un livre sur la seconde guerre mondiale autour de la débâcle de la France en 40 et la genèse de la stratégie allemande et ses conséquences ultérieures. Beacoup de choses ont été écrites sur ce sujet ; rien de bien neuf sur le fond, mais une mise en perspective très intéressante. La rédaction de l'auteur est facile à suivre ; ses propos sont clairs.
C'est un livre qui doit s'appréhender par le sentiment, plus que par la pensée. Il apparaît alors que le succès foudroyant des allemands en 1940 n'avait rien d'évident à la base, qu'il a fallu un concours de circonstance au-delà de l'improbable, pour le rendre aussi éclatant. Et aussi des comportements de généraux allemands (Rommel et Guderian) qui furent géniaux dans le contexte, mais absolument déconseillés dans toute guerre moderne. C'est en définitive, ce qui ne pouvait pas marcher qui fut si génial. La responsabilité première du désastre en revient néanmoins au commandement français dont on pourrait établir la devise comme suit "mieux vaut un échec certain qui ne soit pas de mon fait, qu'une possible victoire dans laquelle j'aurai une responsabilité". Devise actuelle de l'administration française pour ce que je peux en connaître de l'intérieur. Tout conduit au désastre et rien ne semble pouvoir l'arrêter, les probabilités sont mises en échec, le destin impose sa trame. La France ne figure plus dans l'équation du destin du monde. L'Allemagne pense avoir gagner une guerre, mais le destin lui prépare une guerre bien plus terrible à l'Est et sa victoire éclatante lui masque ce fait tragique.
Hors un tel sentiment n'est pas absolument pas recevable pour un historien occidental. On ne base pas un discours historique sur le destin du monde, même si les faits y conduisent. L'historien va donc tenter une très belle sortie ; il va chercher à voir dans l'implication des hommes, des généraux allemands, des qualités propres à expliquer la victoire. Mais là désastre, ces qualités se retournent contre eux à l'Est. D'où le titre sur le mythe de la guerre éclair. L'auteur est donc placé dans un dilemme insupportable : soit se placer du point de vue du destin, soit se placer du point de vue des généraux, et c'est alors le caractère minable des généraux français qui attire les lauriers. Leur insoutenable médiocrité est tout à la fois ce qui à généré le drame de la guerre et de la collaboration et nous préserve de pire (la guerre totale). Le dilemme est impossible à résoudre en l'état! Pour éviter celui-ci, il faut regarder les faits autrement, modifier en profondeur son regard, mais il est difficile de trouver un fil conducteur pour sortir du labyrinthe des causes et conséquences, trouver un positionnement académiquement possible... L'auteur ne semble pas avoir beaucoup écrit, même s'il n'y a guère de doute qu'il trouverait son lectorat. J'y vois là la conséquence d'un dilemme resté irrésolu.