Un chapitre d'ouverture écrit a posteriori d'une saga qui commençait initialement par Le Lion, la Sorcière et l'armoire magique. Que dire à part que c'est captivant. Il y a cette naïveté ambiante des contes de fée traditionnels qui pourrait agacer mais qui est habillement pondérée par un contexte plus contemporain. Un Londres de la première moitié du Vingtième siècle qui dégage une atmosphère à la Agatha Christie. Une ville de Londres suranée. Si dans ce court roman les bons sentiments dominent, les antagonistes usent de stratagèmes et de fourberie. Bien entendu les références à la Genèse sont très voyantes mais il n'y a pas non plus de quoi hurler. Ce récit c'est celui de la création du monde de Narnia qu'on voit naître et se peupler. A ce titre cette première incursion est vraiment déterminante de ce qu'on connaissait. Il y a de la féerie et de l'ironie à travers cette lignée des rois et reines de Narnia qui étaient concrètement n'importe qui, ou par l'incursion accidentelle de cette Sorcière fourbe qui a déjà un rôle majeur ici.
La morale est sauve comme dans tous les contes mais le livre surprend par les clés qu'il donne pour expliquer certaines fausses évidences des chapitres suivants. Une entrée en matière réjouissante qui se paie en sus le luxe d'être très agréable à lire : "toute leur vie, le souvenir de cet instant allait rester gravé dans leur mémoire, et les jours où ils avaient du vague à l'âme, les jours où ils avaient peur ou avaient faim, le sentiment que ce bien en or était là, tout près, au coin ou derrière la porte, ce sentiment revenait, comme une preuve intérieure que tout allait bien" (page 109).
Foncez lire ce formidable ouvrage qui plaira autant aux enfants qu'aux adultes qui le restent au fond d'eux mêmes. J'en suis sorti aussi enthousisasmé qu'après la lecture de L'histoire sans fin.