Oui, il y a un côté résolument people dans le bouquin. Certes, résumer presque 15 ans et une trentaine d'intervenants en moins de 500 pages est forcément limitatif. D'accord, il y a des avis totalement subjectifs dispensables qui émaillent les pages du livre. Mais quel monument malgré tout !

Extrêmement fouillé et documenté, l'ouvrage de Peter Biskind est et reste un incontournable pour qui s'intéresse à l'Histoire du cinéma, tant le Nouvel Hollywood a bénéficié d'un contexte particulier et a su insuffler, encore aujourd'hui, un vent qui a modifié le paysage cinématographique mondial à jamais.

Biskind réussit un triple exploit : tout d'abord, il offre un panorama des plus larges possibles pour ne rien manquer de cette fabuleuse décennie des années 70 à Hollywood, des blockbusters aux petits films de Hal Ashby, offrant dès que faire se peut la parole aux protagonistes (Coppola, Spielberg, Lucas, Altman, Scorsese mais aussi Bob Evans, Bert Schneider et autres producteurs). Deuxièmement, il offre une analyse pertinente sur de nombreux points : le fonctionnement des studios, comment le Nouvel Hollywood est en réalité mort-né, les raisons de l'échec de la révolution culturelle lancée par Easy Rider et Bonnie and Clyde (l'argent, la dope, les egos surdimensionnés), tout est passé au crible et regarder à la fois comme micro-phénomène et comme élément d'un tout très complexe. Enfin, et ce n'est pas le moindre des exploits, Biskind transforme tout ça, les manigances en coulisses, les négociations de contrats, les problèmes techniques, les adultères et overdoses en outils narratifs, construisant presque "Le Nouvel Hollywood" comme un scénario à part entière, un gigantesque film choral où Friedkin croise Bogdanovich, où les femmes sont fatales et où les règlements de comptes, les fratricides, les trahisons sont nombreux.

Il en résulte un bouquin passionnant, qui ne s'épuise jamais (c'est la deuxième fois que je le lis, et j'ai redécouvert des choses tellement les informations sont nombreuses) et qui devrait être lu dans certaines écoles de cinéma, tant il s'agit à la fois d'un cours d'histoire et d'une leçon de production. Et d'humilité nécessaire, surtout.
Cinemaniaque
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le 30 août 2014

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