La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Jonna Linna est inspecteur de la police criminelle de Stockholm.
On l'avait déjà rencontré dans le premier livre de Lars Kepler, L'Hypnotiseur.
Dans Le Pacte, Il est embarqué dans une affaire de grande envergure, avec plusieurs enquêtes parallèles qui vont se rejoindre.
D'un côté, il enquête sur Penelope, une jeune femme portée disparue dont la soeur a été assassinée.
De l'autre, son enquête porte sur un homme qui s'est pendu chez lui. Seulement cet homme c'est Carl Palmcrona, le directeur de l'ISP, qui délivre les autorisations d'exportation d'armes.
À priori les deux enquête n'ont rien à voir entre elles, mais avec l'aide de Saga Bauer, du Service de la Sûreté, Joona va trouver un lien improbable entre les deux affaires. Un lien tellement énorme qu'ils ne peut pas l'ébruiter avant de trouver des preuves tangibles : l'exportation illégale d'armes vers le Soudan, contre lequel la Cour pénale internationale a émis un embargo.
Lars Kepler nous pond un scénario au premier abord très ambitieux. Mais à force de voir grand, on se perd dans une enquête interminable où une dizaine de personnages principaux se succèdent et perdent le lecteur. Il y a Joona, Saga, sa coéquipière, Penelope, la fille portée disparue, Carl Palmcrona, le suicidé, Axel Riessen, son successeur, un marchant d'armes sans scrupules, un fabricant d'armes qui a des scrupules, ... bref, une longue liste de personnages qui s'imbriquent les uns dans les autres pour aboutir au sommet de l'histoire, le fameux pacte du titre.
La quantité de personnages fait qu'on avance par petits chapitres qui sont maladroitement sous-titrés (Le poursuivant, La réunion, La police). On ne sait pas trop pourquoi et ça n'amène rien.
Vous connaissez les cliffhangers, ces suspenses insoutenables utilisés par les séries américaines pour fidéliser le téléspectateur entre deux épisodes ? Ici, pour être sûr qu'on suit, on a droit à un résumé de ce qui s'est passé dans la scène précédente, à 10 pages de là.
Le style qui ne m'avait pas dérangée dans le premier livre, est très descriptif. On est dans l'action, mais de l'extérieur, et on ne voit que ce qu'on veut bien nous dire. On n'arrive pas vraiment à s'attacher aux personnages, même s'ils ont une psychologie intéressante. Comme Axel Riessen, qui suite à un accident, est devenu insomniaque et ne connaît qu'une seule façon de s'endormir, c'est de serrer une jeune fille dans ses bras. Lars Kepler a de bonnes idées, mais elles sont mal exploitées.
D'une enquête de routine, Joona passe à l'affaire du siècle à l'américaine, où il joue sur tous les fronts. Il mène deux enquêtes en même temps. Il fait fuir un tueur à gages qui a abattu tous les autres policiers. Il grimpe sur un yacht, met hors service des gardes du corps à lui tout seul, découvre une bombe, puis une autre, sauve des vies. D'un personnage attachant et intéressant, Joona devient James Bond, et il n'est pas crédible.
Dans Le Pacte, j'ai l'impression que l'auteur a cherché a en faire trop, et que ça l'a perdu. La force du scénario de l'Hypnotiseur a disparu au profit d'un roman où on veut en mettre plein la vue, un roman avec des bang et des blam dans tous les coins.
Dans le premier livre de Kepler on avait une excellente enquête de routine. Dans son deuxième, on a un mauvais complot géopolitique où l'auteur a voulu voir trop grand et trop ambitieux. Peut-être que Joona Linna n'était pas encore prêt à affronter le crime organisé.