J’avais lu auparavant « Les Piliers de la Terre« , du même auteur, et malgré quelques longueurs , je l’avais beaucoup aimé.


Dans le cadre de mon challenge écossais, je me suis lancée dans la lecture du « Pays de la Liberté« . Et j’ai été surprise, car je n’ai pas retrouvé ce qui faisait le sel des « Piliers« . Pourtant, « Le Pays de la Liberté » n’est pas dénué de qualités…


Bon point, différents axes sont évoqués, et les thèmes sont lourds de sens. L’histoire débute avec Mack, jeune mineur qui est forcé de travailler dans les mines. On réalise donc que dans l’Ecosse de la fin du 18e siècle, l’esclavagisme existe encore. Les fils de mineurs sont employés dès leur plus jeune âge avec leurs parents, car aucun revenu supplémentaire ne pourrait être refusé pour leurs familles. Ils quittent donc l’école tôt, ne savent ni lire ni écrire… et de par ce manque de culture, se coupent donc de toute possibilité de négociation future avec leurs patrons. Des patrons qui se gardent bien d’évoquer une loi inique et ancienne qui veut qu’un employé qui continue de travailler après le jour de ses 21 ans « appartient » ensuite à son patron.


A côté de ces conditions de vie atroces, on découvre Lizzie, fille d’une dame désargentée, qui se voit en quelque sorte vendue au plus offrant pour subvenir aux besoins de sa mère et pour garder la demeure familiale. Vous l’aurez compris, l’un des thèmes principaux de cet ouvrage est l’argent, ou plutôt son absence, et les conséquences que cela entraîne.


Si le sort de Lizzie paraît de prime abord plus profitable que celui de Mack, on se détrompe vite. Considérée comme un objet, critiquée pour ses excentricités qui ne sont en réalité que l’expression d’un féminisme bien trop en avance sur son temps, elle se marie sans amour, est manipulée, trahie de mille et une façons, est maltraitée… uniquement parce qu’elle est née femme. La condition féminine dans les années 1900 est dépeinte par FOLLETT sous de multiples angles, Lizzie n’étant pas le seul personnage du sexe faible, et toutes les femmes de l’ouvrage sont sans exception en souffrance: la mère de Lizzie est dépassée par ce monde d’hommes qui la trompe, la cousine de Mack se marie vite afin d’être protégée, tout comme la prostituée londonienne…


Et j’en viens à un des défauts de l’ouvrage: si évoquer tant de femmes et leurs problèmes aurait pu faire de cet ouvrage une jolie ode au féminisme, c’est loin d’être le cas en réalité. Mack est le personnage central de l’histoire, et comme tous les hommes qui l’entoure, c’est lui qui décide. Pour moi, il n’est pas le personnage romanesque que nous vend la quatrième de couverture, et je le trouve au final aussi grossier que ses congénères. Il ne cesse de séduire des femmes pour mieux les abandonner ensuite (une femme par partie dans le livre!), et monte de grade à chaque fois: on passe de la cousine à la londonienne pour enfin s’attaquer au tabou ultime: la femme du maître. Où est le romantisme? A la place de l’héroïne, je me méfierais!


De plus, Mack a trop de chance pour que cela soit crédible. Il est grand, beau et fort (il est mineur!), mais aussi intelligent et charismatique (il a eu une éducation, contrairement à ses collègues). Et du coup, à chaque ennui, il a une solution. C’en est lassant, d’autant que Lizzie, elle, s’effondre à chaque souci et n’a guère d’échappatoire. Sa vie lui échappe alors que celle de Mack évolue bien, malgré les difficultés. Le meilleur? Rien ne les rapproche, ils n’ont guère de points communs, mais Lizzie tombe dans les bras de Mack après avoir admiré sa musculature à maintes reprises. * Levage de yeux au ciel * L’aspect romanesque du livre est pour moi un échec. Trop de facilités, pas assez d’originalité.


En conclusion, je suis assez déçue par l’ouvrage de FOLLETT, qui pourtant fait partie de mes auteurs de prédilection. L’histoire est beaucoup trop prévisible, avec des ficelles énormes, et un style peu travaillé. FOLLETT est capable de bien mieux, je pense notamment aux désormais classiques « Piliers de la Terre » qui pour moi sont une belle réussite. Bref, je ne vous conseille pas cette lecture!

Créée

le 9 mars 2018

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