Je voulais absolument découvrir l'œuvre de Limonov après avoir lu sa biographie, et plus particulièrement ses errances sans-le-sou en tant que russe émigré aux États-Unis. L'écriture est merveilleuse, j'ai été littéralement pendu aux mots du poète. Il vient casser nombre de clichés sur le rêve américain, la prétendue liberté aux États-Unis, qu'il compare allègrement à l'URSS, et secoue nos conceptions politiques. Ses cris de rage et d'amour ne m'ont pas laissé insensible, tout comme sa description touchante des gens qu'ils croisent pendant ses dérives urbaines : clochards, poètes, russes émigrés devenus à moitié sénile, prolos en tout genre.
Le problème, c'est que provocation ou pas, rupture amoureuse ou pas, homme sensible ou pas, c'est décidément un horrible misogyne, chose qu'Emmanuel Carrère minimise complètement dans sa biographie. Ça reste un bouquin avec des moments merveilleux, notamment sa description cynique du modèle capitaliste ou ses moments de gloire dans les rues de New York complètement saoul, et d'autres qui font crisser des dents. Limonov est un polémiste, et c'est son but, de choquer. Mais ça ne l'empêche quand même pas parfois d'être un bon gros con.