Déclinaison latino de l’univers Blade runner

Rosa Montero a eu l’audace de s’attaquer au monument Blade Runner en marchant sur les pas de Philip K Dick et de Ridley Scott.Son personnage de réplicante de combat,Bruna Husky,détective androïde du vingt deuxième siècle, est intelligemment bâti pour ne pas faire immédiatement penser à Rachel (la réplicante de Blade Runner) et déboucher sur d’autres intentions narratives et dramatiques.En outre, le vrai talent de Rosa Montero (qui a été journaliste) est de compiler une masse de documentation pluridisciplinaire pour créer une fiction crédible et inspirée.Les rencontres de Bruna Husky la mettent au contact de tellement de strates de la société qu’elle doit aussi s’adapter en permanence à des compagnies favorisées ou indigentes.Plus qu’une capacité nécessaire,c’est sa force d’évoluer dans cette multitude.Rosa Montero,de plus, à un talent remarquable de conteuse,rendant Le poids du cœur,un livre moins lourd à porter dans ce décorum tout à fait post-apocalyptique.Sa vision de l’homme ultra-connecté et cynique est tempérée par les moments de partages et de solidarités que les situations imposent. J’ai adoré sa création de l’univers de Labari qui rappelle avec effroi les grandes heures des religions extrémistes.J’ai aimé sa façon de ne pas faire de Madrid une ville complètement futuriste.Les goûts de Bruna Husky,en dehors de son apparence,sont simples et terriblement humains (boire du vin blanc même si ce n’est pas raisonnablement,avoir un animal de compagnie même s’il est particulier).C’est toujours avec le même entrain,soif de découvrir les trouvailles de l’écrivain espagnole,que j’ai navigué à travers son livre.Les grands questionnements sur le devenir de nos civilisations face au progrès et à l’environnement sont vraiment légitimes et chatouillent la conscience.C’est rare que j’ai envie de lire un deuxième roman d’un écrivain et me réjouis que Rosa Montero soit dans cette exception.Meme en dehors de sa déclinaison latino de Blade Runner.