XVIème siècle à Florence, Cosme et Eleonore de Médicis marient leur troisième fille, Lucrèce âgée de quinze ans, à Alfonso II d’Este, duc de Ferrare. Rien ne prédisposait Lucrèce à cette union, mais le décès de sa sœur, Maria, promise au duc a rebattu les cartes de sa destinée. La jeune femme quitte donc sa famille, sa demeure et sa ville pour Ferrare où elle va bientôt découvrir les intrigues, les complots et le vrai visage de son mari. Moins d’un an après son arrivée à Ferrare, Lucrèce décèdera. Elle avait à peine seize ans.


Dans cette excellente fiction historique, Maggie O’Farrell nous entraîne au cœur de l’Italie, de la famille Médicis et des intrigues de cours. Attention toutefois, il ne s’agit pas d’une vraie biographie de Lucrèce de Médicis, et l’auteure s’est parfois arrangée avec la réalité pour la rendre encore plus romanesque qu’elle n’était. Et elle l’explique d’ailleurs en note de fin d’ouvrage : “J’ai cherché à me servir du peu d’éléments connus sur sa courte vie, auxquels j’ai fait quelques entorses, au nom de la fiction.”


Tout le roman repose donc sur les épaules de cette petite Lucrèce, esprit libre et rebelle. Cinquième enfant du couple Cosme / Eleonore, elle se sent incomprise, mal-aimée, coincée entre des sœurs aînées modèles et des frères porteurs des espoirs de la lignée familiale. La petite fille, puis l’adolescente, développe des envies de révolte. Ce qui ne l’empêchera finalement pas de se conformer à ce qu’on attend d’elle, à savoir remplacer sa sœur aînée décédée dans un mariage avantageux pour les deux parties.


Elle comprendra très vite que ce qu’Alfonso a épousé c’est surtout la promesse d’un héritier et que l’avenir du duché est entre ses mains. La pression se faisant de plus en plus sentir au fil des mois, jusqu’à ce que la jeune femme imagine (ou comprenne) que son mari cherche à l’empoisonner pour se débarrasser d’elle et en épouser une autre.


Evidemment, on ressent beaucoup d’empathie pour cette adolescente qui n’est finalement qu’une monnaie d’échange entre deux souverains, puis un “ventre” pour le royaume dont elle est devenue duchesse. Sa seule alliée sera sa servante mais Lucrèce est bien seule face à des ennemis qui se comptent en nombre. Et si elle est arrivée à Ferrare pleine d’espoir et non sans un certain enthousiasme, la désillusion n’en est que plus cuisante.


Si l’on sait dès le départ que le destin de Lucrèce est funeste, Maggie O’Farrell n’en parvient pas moins à faire monter la tension au fil du récit qui alterne entre les épisodes de la (courte) vie de Lucrèce auprès de ses parents puis de son mari et les chapitres où elle comprend qu’elle a possiblement été empoisonnée. Et le récit est prenant, quand bien même la fin nous est connue. A moins que...

Christlbouquine
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le 26 sept. 2023

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Christlbouquine

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