La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Le prince de la brume, Carlos Ruiz Zafon.
Les Carver et leur trois enfants (Alicia, Max et Irène) emménagent sur les côtes anglaises, pour fuir la guerre qui se propage en Europe.
A leur arrivée, Max et ses soeurs trouvent la maison lugubre. Le riche couple qui y vivait l'aurait abandonnée suite à la mort mystérieuse de leur petit garçon.
Mais Max ne se laisse pas démonter et part explorer les alentours. Derrière la maison, il découvre un parc aux statues abandonné. Au milieu du parc trône la statue d'un clown. Un clown que Max jurerait avoir vu changer de position.
Dans l'abri de la cour, Carver père déniche des vieux cartons qui contiennent du matériel de projection et des anciennes bobines de film intactes. Tout excité, il organise une soirée cinéma. Malheureusement, les bobines ne sont que de vieux tournages de famille totalement inintéressants. Mais pendant la projection Max découvre le parc aux statues filmé par le garçon disparu, et la statue du clown est encore dans une autre position.
Suite à cette projection, des éléments étranges se produisent dans la maison, jusqu'au jour où une ombre terrifiante menace Irène depuis l'armoire de sa chambre. Pour lui échapper, la fillette paniquée se lance dans les escaliers et tombe dans un grave coma.
Après l'accident, Max et sa grande soeur Alicia se retrouvent tout seuls. Au village, Max se fait un ami, Roland, qui vit avec son grand-père dans la maison du phare au bord de la mer. En enquêtant sur les mystères reliés à leur nouvelle maison et au parc aux statues, Roland leur fait découvrir l'épave engloutie d'un ancien navire. Seulement, ce navire contient un lourd secret que les enfants vont faire ressurgir. Un secret sous forme de dette, que le diabolique Prince de la brume vient réclamer.
Zafon explique au début de son histoire qu'il nous présente ici son tout premier écrit, qui date de 1992. Les quatre premiers livres qu'il a publiés étaient destinés à un public plus jeune que L'Ombre du vent et le Jeu de l'ange, ses best-sellers précédents. Ces quatre livres, il les a écrits pour l'adolescent qu'il était et qui dévorait les histoires remplies de magie, de mystères et d'aventures.
Quand Marina, l'un de ces quatre romans, a été réédité l'année passée, je n'ai pas ressenti cette volonté de livre jeunesse, ou je suis passée à côté. Avec Le prince de la brume, Carlos Ruiz Zafon m'a vraiment fait entrer dans un univers où tout est possible, où tout existe et où les enfants sont les maîtres de l'histoire.
Ici c'est Max qui raconte l'histoire et on y croit très fort. L'écriture toute simple mais très habile nous fait retomber en enfance. Le secret qui pèse sur Roland n'est pas difficile à deviner, mais on aime être embarqués dans cette aventure de fantômes, on aime y croire. On sait pertinemment que tout ceci n'est pas réel, pourtant, l'univers de Zafon fonctionne si bien qu'on n'a pas envie de le quitter. Un univers rempli de fantômes, de vieilles maisons, de quêtes, de secrets, et on en découvre ici les fondements mêmes.