Rémor de rire
Alan Purcell n’est pas un citoyen comme les autres. Il est à la tête d’une petite entreprise chargée de fournir des scripts à la toute puissante chaîne Télémédia. Scripts nécessairement...
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le 13 nov. 2017
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Nouvelle dystopie pour le roi de la science-fiction: une civilisation de bien-pensance absolue, de pudibonderie acharnée, où le moindre pet, la moindre grossièreté, le plus petit atome de subversion est immédiatement examiné par une sorte de jury populaire composé de vos propres voisins ! Ça ne vous rappelle pas vaguement quelque chose ?
Après l'amusant Oeil dans le Ciel, Dick ne perd pas son humour en imaginant une société dans laquelle l'humour, justement, est mal vu, comme tous les éléments susceptibles de choquer les âmes puritaines d'un monde post-apocalyptique. Nouvelle critique du maccarthysme et de ses inoubliables chasses aux sorcières, Le Profanateur est un excellent reflet de son époque... mais reste diablement d'actualité !
Impossible de ne pas penser, en cours de lecture, à notre propre société des années 2010 et à sa poursuite acharnée de toute blague, remarque, dessin ou comportement pouvant être taxé -en déformant bien la réalité pour la faire correspondre à la paranoïa générale - de racisme, de misogynie, d'homophobie, de grossophobie, de déàcoudrophobie... Le côté rassurant de tout ça, c'est de se rendre compte qu'il s'agit de cycles qui finissent par se résorber tôt ou tard, quitte à revenir emmerder nos arrières-petits-enfants.
La meilleure arme contre cette dictature ? Hé bien l'humour, justement. Car, comme le laisse suggérer le titre original du roman, le personnage principal, Allen Purcell, entend bien combattre l'ordre établi en le ridiculisant... quitte à devoir en payer le prix.
Le sujet est bien maitrisé. L'intrigue, cohérente de bout en bout, nous évite cette fois le relatif chaos auquel nous avait habitué l'auteur. Il s'agit de son roman le mieux structuré, en tout cas à ce stade de sa carrière. La contrepartie, c'est cette perte du vertige existentiel caractéristique de Dick. L'émancipation de Purcell est une quête davantage politique que métaphysique malgré un court passage - tout de même !- où la réalité vient se distordre.
Si le roman n'est pas inoubliable, il offre néanmoins un très bon mariage entre divertissement et réflexion et un regard peut-être encore plus acide sur l'hypocrisie de notre propre dystopie...
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Philip K. Dick, chronologie d'une quête mystique, Lectures 2017 et Les meilleurs livres de Philip K. Dick
Créée
le 1 févr. 2018
Critique lue 386 fois
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