"J'ai eu peur de mourir sans jamais pleurer."
Comme Georges, je n'ai pas pleuré, malgré l'horreur que je m'imaginais, les mots qui s'entrechoquaient, je n'ai pas pleuré. Je n'y parvenais pas, je n'étais qu'un bloc de glace, hors de mon corps, fixant la scène tel un spectateur. Ce roman m'a remué comme je l'avais rarement vu, j'étais Georges, cet homme qui se lance du jour au lendemain dans une aventure si folle, si inespérée, pour son ami, son frère. Seul un fou pouvait imaginer monter une représentation d'Antigone en pleine zone de guerre. Deux heures de répit entre peuples ennemis. La petite maigre comme un symbole, un espoir. J'ai vibré en regardant Imane et Charbel se tendre la main, Marwan accorder sa confiance, j'ai vibré aux hurlements de ces peuples si différents mais pleurant tous leurs morts. Car, au final, "c'est le Liban qui tire sur le Liban".
J'y ai vraiment cru, j'ai vraiment espéré que le théâtre pourrait tout résoudre, qu'il rendait intouchable. En tout cas, il donne la force de se battre.
"J'ai refermé le livre. J'étais prêt pour la petite maigre. Prêt à accueillir en moi cette victime choisie par le destin. Prêt aussi à me soumettre à ce devoir fraternel. Je ne connaissais d'elle que son refus de vivre. Je ne savais de moi que mon envie de vivre."