Le Ravissement de Britney Spears par _Flashback
Ceci n'est ni un récit de voyage, ni une autobiographie. Ceci est juste l'histoire d'un espion. Sa mission : « surveiller » la chanteuse Britney Spears qui pourrait être la prochaine victime d'un groupe islamiste. La menace de l'enlèvement est-elle sérieuse ? L'espion revêt son habit de paparazzi et parcourt Los Angeles pour ne pas faillir à son dessein. Seulement, vivre au rythme de la ville californienne et de ses transports en communs, laisse le sujet, désarçonné, se perdre dans les frasques beaucoup plus nombreuses de Lindsay Lohan et s'intéresser bien plus à sa conquête féminine. D'ailleurs, il faut se rappeler le ratage complet de la précédente mission du narrateur, ce qui lui vaut son exil en Asie Centrale, aux frontières de l'Afghanistan et du Tadjikistan. De là découle le récit, à la première personne. Récit qu'il évoque à son compagnon de bureau, un soldat tadjik, et pour son propre souvenir.
Il ne faut en aucun cas se fier à la ressemblance fulgurante avec le titre de l'œuvre de Marguerite Duras, le ravissement de Lol V. Stein, puisque tout rapport est abscons. Le livre nous entraîne dans le monde des tabloïds, dans les dédales de la célébrité. Mais sur cette base apparente, le vide apparaît et retient le lecteur : l'action est obsolète et peut être mise en contradiction avec l'élucubration du narrateur, qui se fait en un souffle. Les longues phrases nous poussent jusqu'au retranchement du chapitre et nous permettent de faire une pause. Le lecteur semble arriver au ravissement mais un problème persiste, lequel ? Celui-ci ne semble pas être complet, voire incertain, et le lecteur est désarçonné à son tour.
Jean Rolin reste pourtant fidèle à lui-même : humour décalé, recherches minutieuses, personnages hors du commun à la limite du antihéros, description d'un milieu exact dû à ses nombreuses errances. Le lecteur ne peut que se reconnaître et arpenter à son tour le texte pour s'en voir ravi.