Je me permets, avant d'entamer mon retour sur ce recueil de Allan Poe, d'offrir une rapide préface générale et globale à l'œuvre du poète de Baltimore, et qui fera office d'incipit à l'entièreté de mes avis sur chaque nouvelle.
Parmi les auteurs de la littérature fantastique dont il faut avoir lu au moins un écrit dans son existence, Allan Poe en est un bien singulier. Sa plume, influencée par les récits gothiques digne de Hoffman ou de Irving, aura délivré son lot de perles rares... comme d'écrits parfois lunaires.
" Mais s'il faut bien reconnaître une qualité au Poète de Baltimore, c'est qu'il a toujours su concevoir des ambiances sans aucuns équivalents, avec moults détails horrifiques et baroques qui en font les pierres de ses univers.
De par ses incursions littéraires via des essais, des poèmes, des contes et surtout des nouvelles, Allan Poe s'illustre comme l'un des grands noms de la littérature fantastique ainsi que comme une figure majeure du romantisme littéraire.
En avant-gardiste qu'il était, il aura ainsi préfiguré au roman d'aventure avec ses aventures d'Arthur Gordon Pym, qui ne manqueront pas d'inspirer Robert Louis Stevenson pour son Île Au Trésor, ou même encore avec son détective mentaliste Auguste Dupin, bien avant l'arrivée d'un certain Sherlock Holmes...
Traduit par Baudelaire dans nos vertes contrées, le succès de l'auteur aura été une succession de haut et de bas : tantôt plébiscité pour ses succès comme Le Corbeau, mais aussi tantôt critiqué pour sa prose novatrice qui aura fait rugir l'académisme américain.
Malgré tout, Edgar Allan Poe s'illustre comme une source d'inspiration inépuisable pour des auteurs majeurs, tels que H.P Lovecraft ou bien encore Stephen King, et l'ambiance unique de ses récits, allant d'une famille en pleine décadence dans La Chute de la Maison Usher jusqu'à une sombre mélancolie amoureuse dans son sublime Ligeia, auront su marquer les esprits de plusieurs générations."
Deux marins ivrognes et irrespectueux tentent de fuir leur poursuivants dans les rues d'un Londres ravagé par la Peste.
Bien mal leur en prendra.
Comme Baudelaire le souligne sans préambule, cet écrit, dans la pure tradition du roman gothique, contient une allégorie.
La rencontre de nos comparses avec six personnages surnaturels dévoile ici à quel point la maladie est désormais ancrée dans le quotidien morne et solitaire des habitants, au point que l'on ne parle désormais de la ville que comme d'un royaume.
Celui du Roi Peste.
La noble dame assise en face de nous est la reine Peste, notre Sérénissime Épouse. Les autres personnages illustres que vous contemplez sont tous de notre famille, et portent la marque de l'origine royale dans leur noms respectifs: Sa Grâce L'archiduc Pest-Ifere, Sa Grâce le duc Pest-Ilentiel, Sa Grâce le duc Tem-Pestueux et son altesse Sérénissime l'archiduchesse Ana-Peste.
L'humour est encore une fois une arme qu'utilise Allan Poe, jouant autant avec les mots qu'avec l'absurdité des situations, et donnant une tonalité gothique savoureuse à cette nouvelle parue en 1835.