J’avoue que dans les temps terribles que nous vivons, j’ai trouvé refuge dans ce livre, tellement beau et apaisant.

J’avais remarqué dans les librairies la couverture comme un peu vieillie de ce petit livre, d’un vert très doux et ce petit roitelet pointant le bec vers le ciel. Il m’intriguait beaucoup.

Le narrateur (certainement très proche de l’auteur), écrivain, la soixantaine, mène une vie tranquille et simple à la campagne avec sa femme Livia, son chien Pablo et son chat Lennon. Son frère, atteint de schizophrénie, vit à quelques kilomètres de chez lui. Le narrateur va souvent le voir pour tenter de calmer une crise, pour discuter un peu en observant la nature. Ou bien le frère débarque à vélo en pleine nuit. Il a besoin de parler. La relation qu’entretiennent les deux hommes est très forte : ils se comprennent à demi-mot, s’écoutent attentivement, restent silencieux… Ils parlent de la vie, de leurs parents disparus, de la mort, de Dieu, du sens de l’existence, de la nature, des bêtes, des gens. II y a toujours beaucoup de tendresse et de bienveillance dans leurs échanges. J’ai lu que ce texte n’était pas autobiographique et pourtant la description de ce frère schizophrène est extrêmement précise et bien analysée. Il souffre beaucoup et son rapport au monde est très compliqué. Ses réactions, souvent inattendues, désarçonnent les gens. C’est un garçon très sensible, dont les paroles sont souvent pleines de sagesse, de vérité et de poésie. Le roitelet, c’est un peu lui avec sa petite touffe de cheveux aux reflets mordorés, un  «  roi au pouvoir très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestige, un pays de songes et de chimères ». Mais comme le rappelle l’auteur en épigraphe : « Même quand l’oiseau marche, il sent qu’il a des ailes. » (A-M Lemierre)

Par ailleurs, ce qui est particulièrement remarquable dans ce roman, c’est l’évocation de la nature. Comme je le disais, cela m’a apporté beaucoup d’apaisement à un moment où j’en avais vraiment besoin. J’aimerais voir le monde exactement comme le narrateur le voit, avec la même sensibilité, la même immense capacité d’émerveillement, j’aimerais, toute seule, je veux dire, sans l’aide de la littérature, être capable d’admirer encore davantage ce qui m’entoure, de prendre le temps de regarder un paysage, longtemps, très longtemps afin qu’il s’imprime en moi. Je trouve que nous faisons tout tellement vite. J’habite à la campagne, cela est donc a priori à ma portée. Là, au bout de ma rue, commence la forêt, une forêt immense et belle avec de grands arbres : le GR en direction du Mont-Saint-Michel passe à quelques mètres de ma maison. Je n’en profite certainement pas assez, happée que je suis par un quotidien très chargé. Et ce type de livre me rappelle que le temps file et qu’il ne faut pas oublier, chaque jour, de consacrer quelques instants à l’émerveillement. « Je me réjouis en tout cas de m’être débarrassé de tout ce qui dans la jeunesse m’avait encombré : la méconnaissance de l’âme, la pauvreté de la pensée, la brièveté de l’amour, la vitesse. » J’aimerais moi aussi pouvoir dire cela...

« Tu devrais écrire un livre dans lequel rien n’arrive. » dit le frère.

C’est cela, il n’arrive rien dans ce livre. Juste une multitude de petites choses très belles qui sont là, souvent à portée de main. Au moment du confinement, beaucoup de gens (dont je suis) découvraient la beauté des lieux autour de leur maison. Ils ne les avaient jamais vus avant. Ils allaient plus loin, prenaient l’avion, la voiture alors qu’il suffisait de faire quelques pas, de regarder le ciel, la lumière, les oiseaux. Et les arbres aussi.

Un livre intense, porteur de sérénité, de paix et qui invite à la contemplation… Comme ça fait du bien !


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lireaulit
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le 15 oct. 2023

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