Course poursuite contre le temps qui passe

Je n'ai lu de lui que la trilogie des enfants du désastre, c'est donc mon premier polar de Pierre Lemaitre (et le sien aussi, d'ailleurs!). C'est toujours agréable de lire un de ses romans, Il nous fait tourner les pages à toute vitesse, nous fait rire, et nous accroche à des personnages et des temps qui paraissent si lointains, mais sont finalement familiers.

Sans surprise donc, on entre dans le Serpent Majuscule aussi vite que Mathilde ne liquide ses cibles. Mais est-ce vraiment un polar?

La première moitié du roman, oui — on est intrigué, on a envie de comprendre les raisons de ces assassinats, on aimerait en savoir plus sur le Commandant et ses missions, sur le passé de Mathilde. Et le vioque, aussi. On suit l'enquête du coté de la police, avec René, homme mou mais pas con, et son supérieur totalement con lui, du coup. Tout ce que j'espérais d'un polar: des personnages auxquels je peux me raccrocher, une histoire de meurtres qui ''se passe près de chez vous''.

Et puis d'un coup, le roman tourne. Sans que l'on s'y attende, on laisse finalement tomber la trame "polar" initiale du roman. Et on se retrouve dans un roman qui aborde les thèmes de la vieillesse et de la solitude qui l'accompagne, du fait de ne plus être à la hauteur (Mathilde la première, Monsieur aussi), de nos carrières qui nous ont définis toute notre vie, de comment vivre cet "après" (est-ce même possible? Autant se faire tuer!). Et puis, les thèmes des relations amoureuses; celles qui sont interdites, celles qui demandent de se surpasser.

Alors oui, l'histoire est un peu décousue, et on termine ce bouquin avec un gout de trop peu. Mais j'ai bien aimé réfléchir à la vie, l'amour et la mort avec le Serpent Majuscule.