J'ai entendu parler de Eddison pour la première fois à la lecture du recueil des Langages de la Nuit d'Ursula Le Guin. J'ai été très étonné de n'en avoir pas entendu parlé avant car l'éloge qu'elle en faisait mettait l'œuvre de cet auteur dans un panthéon stylistique.
J'ai donc abordé le Serpent Ouroboros avec empressement : deux tomes parus très récemment dans la collection Age d'Or de Callidor. Je le précise car je tiens à saluer le travail magnifique de cette maison d'édition. L’œuvre est superbement présentée et la ligne éditoriale mérite de nombreuses louanges.
Pour parler enfin de l’œuvre, c'est d'un style vraiment magnifique, que la traduction rend très bien.
Eddison reprend les codes de l'épopée, avec son narratif descriptif, les discours grandiloquents, la richesse extraordinaire de chaque élément de cet univers mercurien.
C'est ce respect stylistique doublé de la richesse de l'univers qui rend extraordinaire cette œuvre, même si elle sera indigeste pour le lecteur moyen. Toute chose y est placée sous le signe de la grandeur, installant, à mon avis, Juss et Brandoch Daha aux côtés de Roland et Olivier.
Les personnages sont hauts en couleurs, l'histoire est empreinte d'un doux cynisme auto-critique qui affine un propos qui aurait pu paraître un peu niais, la fin apportant une touche finale assez époustouflante.
Il est assez dur de louer longtemps un style sans être lourd, aussi pour conclure je dirai que c'est un véritable plaisir de découvrir une nouvelle épopée qui soit peut être plus moderne dans ses enjeux mais toujours aussi belle dans sa réactualisation du genre.