Le silence

Résumé : Depuis 1944, Simon Leibowitz n'a plus prononcé un mot - il avait alors dix ans, enfant du maquis au coeur des Alpes et de la Résistance italienne. Des années plus tard, il tue en pleine rue un ancien officier allemand.Fascinée par le silence de l'homme, Livia, étudiante à l'université de Rome, décide de lui écrire. Ils échangent quelques lettres avant que Simon ne mette brutalement fin à leurLivia l'insouciante plonge alors dans le passé violent de Simon. C'est, à son insu, sa propre histoire qu'elle découvre.François Léotard est l'auteur de plusierus livres chez Grasset dont La Couleur des femmes (2002), A mon frère qui n'est pas mort (2005), La Vie mélancolique des méduses (2005).Extrait du livre :La tante Misha habite un peu plus loin, à côté de l'église. C'est une femme simple, secrète. Une femme en noir. Son mari est mort pendant l'autre guerre. C'était tout à fait au début. Elle raconte au petit sans cesse la même histoire. Parfois, elle dit «les Prussiens». Elle dit aussi «la Grande Guerre». Mais il comprend que c'est toujours la même chose. Il y a, très loin, un pays qui s'appelle l'Allemagne. Un pays qui s'ébranle parfois sans que l'on sache pourquoi. Des gens inquiets dans des plaines noires. Des gens qui s'éloignent de leurs terres. Des gens qui marchent longtemps, sans arrêt, pour franchir des frontières.Simon écoute. Il y a toujours des fleuves dans les histoires de la tante. Des rivières, des ruisseaux. Pour elle c'est là que les hommes se tuent. Au bord des fleuves. La Somme, l'Ourcq, la Beuvronne, l'Aisne, la Marne, l'Yser, la Meuse, la tristesse et la boue. Il n'a jamais vu de fleuve. Un torrent seulement. Mais ça doit être lent et gris, les fleuves. Il ne veut pas connaître ces endroits qui mènent les soldats vers la mort. Il se demande pourquoi il y a des fleuves qui ont des noms de guerre.