L'aventure commence à l'Est
Précisons d'emblée que l'auteur n'est pas japonaise. C'est une australienne, ce qui pourra expliquer quelques rares inexactitudes relatives à la culture nippone.
Le pitch : suite à l'invasion et à la destruction de son village, le jeune Takeo est recueilli par un seigneur qui va l'adopter. En parallèle, l'histoire suit le destin de la jeune Kaede, fille d'un seigneur et retenue comme otage chez un autre. Ce premier livre (la série compte 4 tomes à ce jour) raconte les destins croisés des deux personnages.
Le truc original : La narration change selon que l'on suit Takeo ou Kaede. Les chapitres "Takeo" sont racontés à la première personne, faisant de Takeo le héros de la série. Ceux concernant Kaede sont à la troisième personne, selon un point de vue forcément plus impersonnel.
La critique : Lian Hearn, plutôt que d'avoir écrit une histoire en se basant sur des faits historiques, invente un Japon parallèle, situé au XVIIe siècle, légèrement fantastique. L'écueil des imprécisions historiques ou culturelles est ainsi évité. L'ouvrage est particulièrement bien construit, avec une alternance des chapitres Takeo/Kaede, dont les récits se chevauchent parfois, afin d'avoir les impressions des deux protagonistes.
Je qualifierai le style de Lian Hearn d'hybride : le premier chapitre commence par des phrases très longues, qui ne reviendront jamais dans le roman. Les phases d'actions sont précisément écrites et enlevées. L'auteur a essayé de s'imprégner de la philosophie japonaise et de son code d'honneur, et y est assez bien parvenue. Les aventures des personnages nous permettre de suivre leur passage à l'âge adulte, les deux protagonistes étant à la fin de l'adolescence. Il en résulte une fraîcheur assez remarquable.
À noter, un personnage féminin particulièrement attachant et charismatique, alors que les romans d'aventure sont généralement écrits par des hommes dont les héroïnes ont moins de caractère.
Au final, un bon roman, pas trop formaté, et une lecture divertissante.