Un Richelieu plus conforme à l'Histoire

Voilà le copier-collé d'une critique que j'ai écrit sur Critiqueslibres.com :

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/17416

"Le sphinx rouge" a été écrit par Alexandre Dumas entre 1865 et 1866, 20 ans après les "Trois mousquetaires" et commence où ce dernier s’achevait, mais pour ceux qui s’attendent à retrouver d’Artagnan et Athos (encore en service à l’époque du récit) vont être déçu car les mousquetaires n’apparaisse même pas, Dumas ne voulant pas ressusciter des fantômes.

D’ailleurs ce roman n’a pas le même point de vue que son illustre aîné, dans les « Trois mousquetaires », Anne d’Autriche était seule contre Louis XIII et Richelieu, Dumas à l’époque a fait du Cardinal un « méchant » (quoique les adaptations au cinéma ou en dessin animé accentuent cette vision) pour l’opposer aux 4 amis et leur permettre d’accomplir des exploit et occulte (pas totalement tout de même) le fait que Richelieu était avant tout un ministre dévoué à la France (plus qu’à Louis XIII) et qu’il voulait accroître l’influence et la puissance de la France en Europe tout en abaissant les autres puissances européennes, ce que Louis XIV continuera, dans le « Sphinx rouge » c’est Richelieu et Louis XIII qui sont opposés à la reine, la reine-mère (Marie de Médicis) et le frère du roi (Gaston d’Orléans, les trois complotant avec l’Espagne, la Savoie pour évincer le Cardinal, le roi étant malade, son médecin le saignant et le purgeant un peu trop souvent risque d’abréger encore la vie du souverain, qui n’a pas encore d’héritier et ne semble pas presser d’en avoir, Richelieu devra utiliser tout son génie pour préserver le roi car si Louis XIII meurt, Richelieu n'a plus de protection contre ses augustes ennemis..

Dumas donne une image différente de Richelieu opposées à l’image que les romanciers, Michel Zévaco par exemple dans le « Capitan » et Dumas lui-même dans « les Trois mousquetaires » donnent du Cardinal, ici Richelieu est présenté de manière positive, utilisant son génie pour le bien de la France et capable de compensation (il sauve lui-même une femme condamnée à être enfermée à vie, nourrie uniquement de pain et d’eau, car elle connaissait les commanditaires hauts placés de l’assassinat d’Henri IV) n’est pas avare avec ses collaborateurs (il donne la moitié de brevet des chaises à porteurs à la femme de son capitaine des gardes comme dédommagement du service de son mari).

Ce roman a toutes les qualités des romans de Dumas, on y retrouve une galerie de personnages qui n’ont rien a envié au premier rôle, la femme du capitaine des gardes du Cardinal et ses échanges avec Richelieu font partie des moments les plus drôles du roman, Etienne Latil représente lui l’homme d’honneur et héroïque, se battant bien à l’épée, il a permis l’arrestation de Ravaillac après l’assassinat d’Henri IV et refusera de combattre le comte de Moret, fils légitimé de Henri IV. Le Comte de Moret était le titre du roman pendant sa publication en feuilleton, mais lors de la première édition en volume, les éditeurs ont préféré lui donner le titre de « Sphinx rouge », nom donné par Michelet, Historien et ami de Dumas, et titre du premier chapitre où apparaît Richelieu, car Richelieu étant vraiment le personnage principal, central, ce titre est plus approprié c’est pourquoi l’édition actuelle le conserve. Cette édition complète a été composée avec la précédente édition, basée sur le manuscrit, et le feuilleton lui-même. Un dernier mot sur la fin du roman que pas mal de spécialistes de Dumas considère comme bâclée, l’introduction parle plutôt d’une fin ouverte (vers un futur roman), l’Histoire n’ayant jamais de fin, « la Reine Margot », « les Trois mousquetaires », « La guerre des femmes » ont aussi des fins ouvertes. Et toujours cette écriture de Dumas qui prouve, au fil des publications de ses romans inédits, qu'il est un des grands écrivains de son siècle et qu'il n'a pas à rougir devant ses "collègues et concurants"

A lire absolument.