Dans la famille Cleverley tout va pour le mieux. George, le père, est un présentateur de télévision aimé et respecté. Beverley, la mère, est une romancière populaire à succès. Quant aux trois enfants, Nelson, Elizabeth et Achille, ils vivent aux crochets de leurs parents et ne semblent pas nourrir beaucoup plus d’ambitions. Jusqu’au jour où la griffe des réseaux sociaux va se refermer sur eux et les entraîner dans une spirale sans fin de catastrophes. Ils vont apprendre la calomnie, l’impossibilité de faire entendre sa vérité quand tous vous ont déjà condamné et le pouvoir de ceux qui se cachent derrière un écran pour briser des carrières, voire des vies.


Alors, dit comme cela, on pourrait s’attendre à un pamphlet assez noir contre nos sociétés modernes et ultra-connectées. Mais c’est en réalité une satire hyper drôle qui met en scène cinq personnages totalement dépassés par les événements. John Boyne y dénonce ici le pouvoir des réseaux sociaux et de la bien-pensance mais à travers cinq personnages qui, au départ, n’ont pas grand-chose pour éveiller l’empathie.


Car la famille Cleverley est une somme d’egos démesurée ! Papa Cleverley s’est auto-proclamé “trésor national”, maman Cleverley est l’archétype de la bourgeoise hautaine qui n’écrit des livres que grâce à des porte-plumes avec qui elle se montre parfaitement odieuse. Quant aux trois petits Cleverley, ils souffrent tous d’un problème psychologique plus ou moins prononcé, alimenté par leur fortune et la relation qu’ils ont à leurs parents. Ajoutez à cela une tortue affublée du nom d’ Ustym Kamaliuk (le “Robin des Bois Ukrainien”) et mangeuse d’After Eight et vous avez là un combo parfait pour nous amener à l’explosion générale.


C’est un roman éminemment drôle, une satire parfaitement juste et incisive de nos travers, ça appuie juste là où il faut pour nous faire ressentir toute l’inanité de ces fausses représentations que nous faisons de nous à longueurs de réseaux sociaux. Cela démontre avec force à quel point un simple mot peut faire basculer une vie dans notre époque où chacun se met en scène, scrute le moindre faux pas et où il est si facile de condamner et d’injurier, dissimulé derrière un pseudo et un smartphone.


C’est absolument jubilatoire et cela démontre, une fois de plus, l’incroyable capacité de John Boyne à aborder différents sujets et styles après les très intimes Les fureurs invisibles du cœur, Il n’est pire aveugle et L’audacieux Monsieur Swift.


Christlbouquine
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs livres de 2022

Créée

le 19 juin 2022

Critique lue 218 fois

2 j'aime

Christlbouquine

Écrit par

Critique lue 218 fois

2

D'autres avis sur Le Syndrome du canal carpien

Le Syndrome du canal carpien
Christlbouquine
8

Critique de Le Syndrome du canal carpien par Christlbouquine

Dans la famille Cleverley tout va pour le mieux. George, le père, est un présentateur de télévision aimé et respecté. Beverley, la mère, est une romancière populaire à succès. Quant aux trois...

le 19 juin 2022

2 j'aime

Le Syndrome du canal carpien
Gamete
9

Fans de réseaux sociaux s'abstenir!

Je suis fan de John Boyne depuis que je l'ai découvert en lisant 'Il n'est pire aveugle". Il signe ici pour moi une de ses meilleures oeuvres. Une satire sociale bien caustique il est vrai! Moi qui...

le 23 déc. 2023

1 j'aime

Du même critique

L'Étrange Traversée du Saardam
Christlbouquine
6

Critique de L'Étrange Traversée du Saardam par Christlbouquine

1634, à Batavia en Indes Orientales. Plusieurs passagers prennent place à bord du Saardam pour rejoindre Amsterdam. Parmi eux, le gouverneur général ainsi que sa femme, sa fille et sa maîtresse,...

le 15 avr. 2022

4 j'aime

L'Oiseau Moqueur
Christlbouquine
8

Critique de L'Oiseau Moqueur par Christlbouquine

New-York, XXVème siècle. Les hommes ont peu à peu abandonné le pouvoir aux robots. L’individualisme est devenu la norme. Plus de cellule familiale, d’ailleurs il n’y a plus d’enfants qui naissent,...

le 4 déc. 2021

4 j'aime

Isabelle, l’après-midi
Christlbouquine
4

Une lecture décevante

Étudiant américain, Samuel rencontre Isabelle lors d’un séjour à Paris. Un peu plus âgée que lui, elle exerce aussitôt un puissant attrait sur le jeune homme. Ils deviennent amants. Tous les jours à...

le 6 août 2020

4 j'aime