Le syndrôme Godzilla

Résumé : et ça s'appelle Tokyo, et c'est la ville de mes rêves et de mon enfance, le carrefour éternel, l'endroit où viennent s'échouer les songes inassouvis, et c'est le lieu d'où décollent les avions sans pilote, le point de départ pour les destinations qui n'existent pas, et il y a tant d'histoires ici que vous pourriez étouffer rien qu'en ouvrant la bouche.Entre rêve et réalité, le passage à l'âge adulte est évoqué à travers la troublante confrontation de la figure de l'adolescent et du monstre.Extrait du livre:Il sourit encore : tu es assis sur la carte. Je rigole. Ah, euh, désolé. Je la lui tends, désespérément amical. Mon père allume la veilleuse. II dit qu'on a besoin de faire le point. Il déplie la carte, suit un tracé du bout de l'index. Renifle. Alors alors. Je repose mon front contre la vitre. Un éclair déchire la pénombre. L'espace d'un dixième de seconde, la mer devient blanche comme la mort et on se croirait dans un putain de manga de Jirô Taniguchi. Bon, maugrée mon père en empoignant le levier de vitesses pour entamer une marche arrière, mauvais chemin, on a loupé un embranchement. Je réponds - je ne sais pas quoi. Je pense au téléphone. Je pense à cette personne à qui je parle. Je pense au fait que je n'entends même pas son souffle. Je pense : ÿ ma mère. D'un coup, le courant revient. La rangée des lampadaires plantée au milieu du terre-plein émet une série de halos jaunâtres, feux follets dans le brouillard, et tout ça respire une magie lente et funèbre. Pourquoi on ne fait pas simplement demi-tour ? je demande. Parce qu'on ne peut pas, répond mon père, ne sois pas trop crétin s'il te plaît. Et voilà. C'est comme ça, chez nous. Je ne peux pas dire que ce soit gai, ni spécialement accablant. Je ne connais pas grand-chose d'autre.