Le tonneau est l'un de ces romans fondateurs de la littérature policière moderne. Publié en Angleterre en 1920, il n'a été traduit que tardivement en France.
On a reproché à FW Crofts d'écrire comme un comptable et il faut reconnaitre qu'on est dans un roman de procédure policière assez rébarbatif. C'est tout l'inverse des romans actuels : l'enquête n'est pas seulement le sujet central, c'est l'unique sujet. La psychologie des enquêteurs, leurs problèmes de couple ou de boisson ne sont pas évoqués. A peine a-t-on droit à une courte description physique de chaque protagoniste. On n'est pas non plus chez un auteur qui utilise le roman policier pour décrire le naufrage d'un modèle social (c'est l'intention qu'on prête aux auteurs policiers scandinaves).
Heureusement, l'histoire est captivante et racontée avec brio. Les indices sont révélés petit à petit et on est happé par le récit que l'auteur nous rend moins répétitif en multipliant les protagonistes : policiers anglais et français, avocat du coupable, détective privé engagé par l'avocat...chaque personnage entreprend le mystère sous un nouvel angle bien que, au fonds, ils enquêtent un peu tous de la même façon. Ce n'est pas comme dans les romans de Grangé avec le vieux flic bourru et le jeune fou incontrôlables, tous les héros de Crofts sont de la même étoffe.
Un jugement mitigé donc puisqu'on a une intrigue bien ficelée et assez captivante mais une enquête qui tend à devenir un peu répétitive sur les 200 dernières pages.
Ce livre préfacé par Chabrol devrait peut-être figurer dans la bibliothèque de tout amateur de polar, au rayon des références. Il est agréable à lire, ni violent, ni sanguinolent mais aussi un petit peu désuet.