Critique de Le Vallon par Virginie Gonel
Un livre qui dépasse le cadre du simple roman policier pour s'attacher davantage aux personnages qui sont parmi les meilleurs d'Agatha Christie. Un délice littéraire
le 17 févr. 2016
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Il paraît que Le vallon est le roman d'Agatha Christie que les écrivains et les artistes préfèrent. Tout ça parce qu'un des personnages principaux est sculpteur et qu'elle nous balance des pseudo-vérités sur l'art... Voilà qui me paraît parfaitement ridicule et j'estime qu'il s'agit là d'un déplorable symptôme d'égocentrisme exacerbé.
Je pense qu'Agatha a voulu nous rendre ses personnages sympathiques. Malheureusement, je vois mal comment j'aurais pu m'attacher un tant soit peu à cette bande d'aristocrates soit extrêmement riches, soit riches, soit tout simplement au train de vie très aisé, soit-disant malheureux, mais surtout égoïstes et cultivant l'entre-soi à l'envi. Ils ne tombent amoureux que de leurs cousins et cousines, c'est dire si les autres les intéressent peu. Il est d'ailleurs étonnant qu'ils ne soient pas bourrés de tares ataviques, vu leur mode de vie. Bref, j'ai rarement trouvé dans les romans d'Agatha une brochette de personnages aussi déplaisants, mais censés émouvoir le lecteur par leurs malheurs.
Du coup, l'intrigue ne m'a pas intéressée plus que ça (il faut dire qu'elle ne diffère pas tellement de la plupart des autres Agatha). Les sorties de Henrietta (la sculpteur) sur le tempérament et la nature tellement sublime et impérieuse des artistes m'ont semblé parfaitement stupides ; je me languissais des romans où apparaît Ariadne Oliver, tellement plus drôle dans son rôle d'écrivaine. Seule Lady Angkatell sauve le tout, avec son égoïsme forcené mais assumé, son étourderie et ses décisions radicales. Il faut la voir raconter à son mari qu’elle a complètement oublié pourquoi elle se promenait avec un revolver dans son panier, puis se souvenir soudain que, bien sûr, c'était pour tuer John qui se révélait une telle source d'ennuis, mais qu'elle n'a plus besoin de l'assassiner à présent que quelqu’un d'autre s’en est chargé à sa place et qu'ainsi tout est bien (pendant ce temps, tous les autres membres de la famille se morfondent et jouent les chialous)...
La fin est on ne peut plus conservatrice - à prendre au sens politique du terme. Ce qui n'est pas très étonnant de la part d'Agatha Christie, tout compte fait. Je préfère quand elle laisse sous cloche sa mentalité bourgeoise et réac et qu'elle se consacre davantage à son intrigue et à ses personnages.
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le 2 mars 2016
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