I'm a loser baby... So why don't you kill me ?

Il sera toujours aisé de critiquer Marc-Edouard Nabe ; en revanche, entendons-nous bien, très peu de choses peuvent être reprochées sur la forme.
M. Nabe est une personne qui s'expose beaucoup dans ses oeuvres et me rappelle à certains moments le BHL du pauvre.

Tel un maïeuticien, il affirme que son voeu le plus cher serait d'amener le lecteur à s'élever au travers de l'auteur, qu'il grandisse en suivant son regard.

Je ne suis guère d'accord avec cette vision droitière des choses. Pour moi, ce sera toujours de la faute de l'auteur s'il n'arrive à mener leur lecteur où l'auteur le veut : c'est son travail. Et j'ai le profond sentiment que Nabe se décharge de cette responsabilité - n'est pas droitier qui veut ! - et qu'il va encore plus loin en utilisant la même stratégie que Saint-Affrique affectât au sein de la communication du FN, à savoir la stratégie payante de la diabolisation, la stratégie du bâillonné, la stratégie du vilain petit canard, bref l'éternelle stratégie qui consiste à envoyer une chèvre dans le désert pour expier les péchés du collectif.

Réné Girard aurait pondu sa théorie du bouc émissaire entièrement sur le cas de M. Nabe !

C'est tellement facile... Oui, il y a des diktats culturels mais il faut en jouer, pour créer autre chose.
Là, ce qui est intéressant, c'est un peu le mécanisme de la frustration ; d'être devant un mur, s'y buter vingt-sept fois et le décrire.

A ce titre, il contribue à la société du spectacle dans une surenchère où il part évidemment toujours perdant. Ah si M. Nabe avait eu du succès, s'il avait eu la notoriété d'un Houellebecq, pour sûr qu'il serait embourgeoisé. Mais là, au lieu de se contenter d'être à sa place et heureux de l'être, il rêve non seulement d'être calife à la place du calife, mais il veut l'être parce que s'il y était, il nous mangerait. Je n'ai pas envie de me promener dans ce bois-là. Je n'ai pas besoin d'un programme électoral, je n'ai pas besoin d'un candidat plus blanc que blanc. Non, M. Nabe ne serait pas mieux et le monde littéraire ne serait pas moins médiocre. M. Nabe n'a pas compris au bout de son oeuvre qu'il doit susciter les interrogations de son lecteur de sorte à créer son ascension et non son assomption. Il le sait et nous le savons depuis le temps : il n'a aucune qualité d'adaptation aux autres. M. Nabe voudrait que sa littérature fasse l'effet d'une ficelle au stand de fête foraine par laquelle, gagnant à tous les coups, une peluche est remontée, celle avec un gros coeur dans ses mains, celle qui dit je t'aime. Dans son ambivalence, il n'y a pas plus Popples que M. Nabe. Il n'y a pas plus panda. Et une panda, c'est pas forcément une Fiat Lux.

Sauf que,
M. Nabe,
Non, à tous les coups, on ne gagne pas. Et au bout du vingt-septième livre, du vingt-septième naufrage, du vingt-septième labeur, s'il devait jouer en permanence, comme il le signifie, à pile ou face comme Corinne Charby, la pièce irait systématiquement en sa défaveur. Et si l'on calcule la probabilité autrement appelée espérance de réussite d'avoir... d'avoir continûment échoué au cours de sa carrière, "n" étant le nombre de livre qui relance à chaque fois l'espérance, M. Nabe est un nabab, il est verni. Il a 1/2 montée à la puissance "n", soit pour 27 livres, une espérance de 1/134217728 d'avoir tout le temps échoué. Un score de Loto... Mais à l'envers.

Il me plaît tant de faire l'amalgame entre les maisons d'édition et la Française des Jeux. M. Nabe s'est affranchi de son éditeur parasite pour exactement la même logique qu'il leur reproche. M. Nabe a gagné son paroi d'être lui-même son propre parasite.

Par contre, ce qu'il dit est parfaitement juste derrière son sens inné de l'aigreur. En littérature, il est très souvent probable que les auteurs vertueux soient relégués au point qu'ils soient détestables parmi leurs confrères et consœurs. Là, j'en appelle donc à la vertu. Que penser de l'intégrité de M. Nabe puisqu'il prend l'opportunité de cibler Houellebecq dans ce livre au lieu de "faire jaillir le feu d'un volcan qu'on croyait trop vieux" ? N'est-ce pas s'user des dents déjà bien dévitalisées sur un os à moelle un peu trop dur ? Dans une plainte ressassée, il ne cesse d'argumenter la cause de ses insuccès pour en tirer un profit. Nous ne sommes pas loin de la biographie de Michaël Vendetta en ce qui le concerne. De cet insuccès permanent, il veut la promotion permanente, de sorte à se satisfaire de son lectorat. Comme les autres auteurs alors ? Et je parle encore de vertu ? J'y vois une profonde aberration. Comme si de la démonstration de l'inexactitude d'une proposition par son contraire ou l'absurde naissait la vérité.

Toute que le lecteur sait, c'est que M. Nabe le ramènera au point de départ., au point mort, pédale d'accélérateur enfoncée. C'est toujours le tracé plat littéraire ! Il est aussi mort que les autres mais les asticots le préfèrent ! Ils grouillent et aiment à creuser des galeries pour les prochaines bonnes oeuvres ! Alors, empêtré dans son Don Quichottisme, M. Nabe tente de nous faire croire qu'il existe un antagonisme entre l'ordre du vide, du spectacle, de la vanité, de la facilité et l'ordre de la vie épique, grande, héroïque. Premièrement, cet antagonisme est fallacieux. Ok ? Deuxièmement, l'ordre "vertueux" reposerait sur la personnalité histrionique de M. Nabe plutôt que sur sa raison.

Bref, ces intentions-là sont bien belles tant elles veulent éclore à chaque fois le lecteur mais le manque d'empathie trahit cet auteur à chaque fois. Vingt-sept fois exactement. Donc il essaie de convaincre le lecteur de cet état de fait manichéen entre le vide qui tourne bien et ce qui peine, en chargeant un maximum la majorité. Sa quatrième de couverture est pourtant juste : "J'ai eu tout faux ; je n'ai rien compris" et passe tout le bouquin à ne rien comprendre. M. Nabe porte et continuera de porter encore longtemps les péchés du collectif. C'est sa croix. D'en avoir autant parlée, de l'avoir autant considérée, fera certainement autant de publicité que la critique dithyrambique. Cela montre combien son combat ne m'est pas indifférent.

Mais c'est vachement plus tendance que de trouver des boucs émissaires à notre époque. Moi, au moins, avec ma critique... Je fais marcher la boutique.
Andy-Capet
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le 11 févr. 2013

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Andy Capet

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