Le grand intérêt de l’essai consacré par Nathan Réra à David Fincher tient dans sa réappropriation de l’esthétique d’un artiste au regard d’un support a priori annexe : la photographie. Ou comment des fragments d’images posés çà et là redessinent en profondeur l’ambition d’un artiste à capter l’obsession, la paranoïa, le voyeurisme d’une espèce humaine profondément malade. À la fois « mise en abyme de l’univers filmique » et « décentrement du regard », la photographie semble bien constituer le laboratoire où se décante l’univers du cinéaste. Les Chambres noires de David Fincher s’offre ainsi au lecteur comme une somme critique fort intéressante et pertinente, une « archéologie visuelle » au terme de laquelle de nombreuses portes ont été ouvertes sur une relecture des œuvres de Fincher, œuvres dont le pouvoir de fascination, à l’instar d’une photographie, n’a pas fini de nous surprendre.