Région d’Alençon, Normandie, début du 14e siècle. Agnès est une jeune veuve « sans terres » qui vit dans un modeste domaine dont elle a l’usufruit suite depuis la mort de son mari. Fille bâtarde d’un baron et d’une dame de compagnie, elle est à la merci de son demi-frère Eudes, fils légitime et héritier du baron, qui éprouve pour elle des sentiments à la fois haineux et incestueux. En plus de sa fille Mathilde, Agnès s’occupe d’un jeune orphelin, Clément, né du viol d'une servante hérétique et dont la véritable origine est cachée. La vie d’Agnès et de ses deux protégés est menacée par une mystérieuse « bête » qui sème la mort et la terreur sur son passage. L’intrigue se déroule sur fond de tensions politiques entre la papauté et le roi de France, Philippe Le Bel.
Le contexte historique est, à vrai dire, assez complexe. L’imbrication entre l’histoire personnelle d’Agnès et les intrigues politiques est parfois difficile à saisir, en tout cas dans ce premier tome. De nombreux personnages font leur apparition dans le premier quart du livre et il est un peu difficile de s’y retrouver, d’autant que de nombreux personnages secondaires sont nommés sans qu’ils jouent aucun rôle par la suite.
Malgré quelques passages intéressants, principalement autour du personnage de Clément, je ne suis pas parvenue à me sentir « concernée » par le récit, à la fois à cause de l’intrigue elle-même (trop complexe) et du style. La multiplicité des points de vue en particulier, parfois au sein d’une même scène, est source de confusion et empêche le lecteur de s’identifier pleinement aux personnages principaux. À certains endroits, on ne sait pas qui parle : le personnage principal ou celui qui lui fait face ?
Une autre source de frustration est l’utilisation peu judicieuse des notes de bas de page. Celles-ci sont présentes en nombre excessif pour un roman et perturbent la lecture. La plupart sont loin d’être indispensables : par exemple, une note de bas de page indiquant « Saint Louis » après Louis IX, ou de nombreuses notes qui ne font que traduire en langage contemporain des expressions anciennes. On comprend que l’auteure essaie de récréer les sonorités de l’époque, mais on peut se demander s’il n’aurait pas mieux fallu par exemple écrire tout simplement « empoisonnement » plutôt qu’ « enherbement » avec le terme « empoisonnement » en note de bas de page. Plus généralement, l’auteur étale un peu trop son érudition avec des descriptions narratives, et certains dialogues sont également peu subtils, les personnages énonçant à d’autres ce qui devrait être des évidences pour eux, avec pour seul but d’informer le lecteur.
J’étais d’autant plus déçue par le style que j’avais apprécié la lecture de « Dans l'Œil de l'ange » il y a quelques années, dont j’avais trouvé le personnage principal très attachant. Pour couronner le tout, la fin de ce premier tome n’en est pas une. Pas de quoi me donner envie de lire les tomes suivants...