Le XIXème siècle voit la naissance du capitalisme industriel, d'une classe ouvrière exploitée et de populations miséreuses en Europe. En parallèle de révolutions et révoltes régulières (1789, 1830, 1848, 1871...), nombreux sont ceux qui imaginent d'autres modèles de société. Si certains veulent changer la société actuelle par la révolution ou la réforme, d'autres veulent agir tout de suite et suivre une troisième voie : mettre en pratique leurs idées. En bâtissant sans attendre leur société idéale en miniature, ils espèrent en faire un exemple, tout en vivant en accord avec leurs idéaux.
L'auteur classifie ces courants "utopistes" en trois catégories : socialistes/communistes, fouriéristes et anarchistes. Une palette de communautés notables est présentée, dont on suit naissance, fonctionnement et dissolution.
A noter qu'il n'est traité que de projets de société laïcs, et non pas des nombreuses communautés religieuses (Mormons, Amish, Mennonites...) ayant également vu le jour à cette époque.
C'est un livre bien documenté et bien écrit, sur un sujet passionnant qui n'a pas perdu de son actualité au vu des nombreuses expériences communautaires contemporaines (qui sont sans doute moins importantes par leur taille que celles de nos ancêtres). Le texte comporte de nombreuses anecdotes personnelles sur certains utopistes et des extraits de documents et articles contemporains, donnant ainsi une image vivante de ces aventures humaines.
On peut néanmoins regretter le ton narquois de l'auteur, qui (bien qu'il rende le style plus agréable) semble moquer ces pionniers et leurs expériences sociales d'une façon bien peu académique. L'auteur semble d'ailleurs indiquer que toute expérience de ce type est nécessairement futile et vouée à l'échec. On regrette qu'il n'ait pas fait montre d'optimisme en tentant d'esquisser un "mode d'emploi" visant à éviter les erreurs communes commises par ces utopistes concrets.