Soyons clair dès le départ : ma note est la seule résultante de la narration à la deuxième personne du singulier, technique narrative qui me met mal à l'aise et qui me sort complètement du récit – je n'ai aucune préférence entre l'utilisation de la première ou la troisième personne du singulier, mais j’exècre les récits à la deuxième personne ; la lecture des premiers paragraphes de ce roman m'a donc fait tiquer. Ah ben mon vieux, si j'aurais su j'aurais pô v'nu ! comme disait petit Gibus ou, dans le cas présent, je me serais dispensé de cet achat. Mais ayant mis la main au porte-monnaie et étant malgré tout alléché par la quatrième de couverture, je me suis lancé, à reculons, dans ce roman qui raconte la chute du bloc communiste à la fin des années 80 à travers les yeux d'une enfant bulgare, enfant qui se trouve être l'auteure. Les cosmonautes ne font que passer est donc une œuvre hautement autobiographique.
Je dois bien avouer que mis à part le choix narratif de l'auteure qui ne me sied guère, ce roman n'est pas dénué de qualités, au premier rang desquelles se trouve l'humour. L'effondrement du régime communiste étant vu par une enfant, son appréhension des choses, et donc leur exposition, est bien souvent candide, le personnage ne saisissant pas toutes les subtilités de ce qu'elle est en train de vivre. Les nombreuses redites volontaires (le grand-père communiste émérite ; le tapis de Tchépélaré, hérité de plusieurs générations et donc fierté familiale ; les nombreuses énumérations en petits a, b et c, etc.) permettent également d’insuffler au roman un côté guilleret assez plaisant.
Du point de vue de l'histoire à proprement parler, Elitza Gueorguieva dresse un constat indéniable de la situation des pays de l'est lors de la mise en place des démocraties républicaines, à savoir inflation, pauvreté, recrudescence de la criminalité et émigration, entre autres choses. Elle incorpore cet état de fait dans son récit et ses souvenirs avec humour, comme évoqué plus haut, mais aussi perspicacité.
Un roman qui aurait pu être intéressant donc, s'il n'avait pas été écrit à la deuxième personne du singulier – ce qui reste une déficience hautement subjective et n'engage donc que moi.