La Varienne et Luce, sa fille vivent à l'écart. Soudées comme rarement. La Varienne c'est l'idiote du village. Luce est elle aussi à l'écart des autres enfants. Solange, l'institutrice s'attache à la petite fille et veut qu'elle apprenne. C'est sa mission, éduquer, instruire tous les enfants, le savoir est obligatoire. Mais le bloc Luce-La Varienne résistera-t-il à l'apprentissage de la petite fille ? Et les autres villageois ont-ils envie que la fille de l'idiote sache ?
Très court texte de Jeanne Benameur empreint d'une poésie, d'une grande pudeur et qui va au plus profond des personnages sans en rajouter dans le pathos, le mélo.
Elle est très belle cette histoire de femmes, de l'amour inconditionnel et réciproque mère-fille, de la volonté de Solange d'instruire tous les enfants, même les moins favorisés. Elle est belle parce que même sans dévoiler, même si le pari de Solange n'est pas gagné et se heurte à de fortes réticences, la graine semée est là, bien enfouie. Pour travailler avec des enfants au parcours difficile, je suis persuadé de cela, qu'un éducateur, un instituteur, un assistant familial qui y croit, apporte un petit quelque chose qui servira à l'enfant plus tard.
"Des mots charriés dans les veines. Les sons se hissent, trébuchent, tombent derrière la lèvre.
Abrutie.
Les eaux usées glissent du seau, éclaboussent. La conscience est pauvre.
La main s'essuie au tablier de toile grossière.
Abrutie.
Les mots n'ont pas lieu d'être. Ils sont" (p.11)
C'est le début du texte, qui continue comme cela jusqu'au bout, sec, poétique, dur. J'aime beaucoup, il est concis, dense.
Merci à Anne -qui se reconnaîtra- pour le prêt.