Les Démons
5.7
Les Démons

livre de Simon Liberati (2020)

Liberati a de nouveau écrit un petit livre au vu de l'histoire de la littérature mais un grand livre sur la marginalité ! Cette marginalité qui a ce don de rassembler en son sein des êtres immoraux et d'autres sur-moraux qui communient dans une inconséquente amoralité.


Des diablotins et des angelots qui s'entrelacent et dansent ensemble dans une frénétique orgie de l'absurde. Liberati aurait-il avec Les démons inventé un nouveau sous-genre littéraire, le naphtaline-punk, qui bien au-delà du référencement proto-punk, propose de traiter avec nostalgie une période (les années 60) en l'agrémentant de comportements hautement punk.


Les personnages et leurs dérives, l'atmosphère languide et les tortueuses perditions sont amenés à être vus avec un certain recul comme à travers un télescope aux multiples rayures et embué. Un détachement qui confine à l'étrangeté et nous éloigne irrémédiablement du destin des protagonistes.


Liberati suit sa veine d'écrivain borné, de déviant foutraque, d'amateur incorrigible des passions horizontales. Avec lui remontent tous les cauchemars des jeunes années, celles où l'on est certain d'emprunter les bons chemins alors que la méconnaissance de soi est la chose la plus évidente.


Il est un auteur de la rédemption après coup en nous montrant les turpitudes innocentes et débonnaires que notre esprit rétroactivement qualifiera volontiers de sordides.


Pour conclure, un livre moyen mais qui a le mérite de continuer une exploration maniaque des troubles de la jachère humaine.


Livre éthéré, à l'humidité d'un désert de sable, à la fois nostalgique et tellement moderne qu'il frise l'anticipation. Liberati est un écrivain précieux, au même titre que Houellebecq et Beigbeder, il a sa patte et creuse son sillon, invente son univers, le projette dans nos âmes et, ironique autant que sérieux, planifie nos réflexions et nous fait différents (pour mon jugement) en bien.


                        Samuel d'Halescourt

Créée

le 16 mai 2021

Critique lue 102 fois

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