Les démons nous racontent l'histoire d'un complot anarchiste miteux dans une province russe à la fin du 19ème siècle. Ce livre est resté tres longtemps sur ma pile de livre à lire, je redoutais un peu un livre à thèse. Mais en fait non pas du tout, Dostoievski se laisse dépasser par ses personnages et les thèses et anti-thèses se confrontent sans cesse dans le livre.
L'auteur, très conservateur, a écrit "Les démons" avec la volonté de dénoncer les anarchistes et les révolutionnaires. C'est à la fois une réussite et un échec. Reussite car les anarchistes sont tour à tour effrayants idéologiquement et pathétiques concrètement mais comme les répresentants de l'ordre qui leur sont opposés sont tout aussi pathétiques et inefficaces qu'eux, la démonstration n'est pas forcement convainquante. Le livre a thèse n'existe pas, reste un roman passionnant rempli de personnages antiphatiques et de longues confrontation de point de vue.
Pas facile d'écrire quelques chose sur un écrivain qui a déja succité tellement d'écrit de personne bien plus compétentes que moi. Alors que dire qui ne sera pas de l'enfoncage porte ouverte.
Les démons c'est un long roman habité par des personnages à la psychologie fouillée mais dont aucun ne suscitera la sympathie du lecteur.
On retrouve bien sur le style de Dostoievski qui inclus beaucoup de longs dialogues et débats méthaphysique ménés avec talent Les thèmes abordés sont nombreux et intemporels (la responsabilité individuelle, l'existence et la place de dieu, la réaction et la révolution...).
Mais Dosto c'est aussi beaucoup de scène de très forte intensité, boulversantes et marquantes. Pour un ecrivain du 19 eme c'est aussi assez cru et très vivant. Cru par l'usage des mots, certaines situations, mais aussi sur la manière de rentrée dans l'intimité des pensées de personnages. Cette intimité avec la pensée de personnage c'est d'ailleurs tout le génie de Dosto.
C'est la première traduction de André Markowicz que je lis et j'ai vraiment apprécié. C'est plus vivant que ce que j'avais lu, plus cru et aussi beaucoup moins sophistiqué au niveau de la tournure des phrases. On a l'impression de lire un autre auteur, plus cahotique mais aussi plus intense. Résultat, j'ai pris bien plus de plaisir à la lecture que ce que à quoi je m'attendait car dans mes lectures précédentes j'avais trouvé que la forme pénalisait, un peu, le fond. Bilan je dois relire Les frère Karamazov et Crime et Chatiment dans les nouvelles traductions, ce qui sera loin d'être une torture, Les démons n'étant pas aussi bon que ces deux romans et j'y ai déja pourtant pris mon pied.
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